Abandonnés dans les Ehpad comme des chiens !

Publié le jeudi 24 avril 2025Rédigé par Patrice Grivoli
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Abandonnés dans les Ehpad comme des chiens !

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Les silencieuses détresses des personnes âgées en EHPAD est une réalité quotidienne. Top Exclusif ! ouvre ce dossier sulfureux qui perce le coeur des plus responsables face à cette situation.

L’envers des couloirs feutrés

Derrière les façades propres et les couloirs bien éclairés des Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD), se joue souvent une réalité plus sombre. Celle de la solitude, du manque de lien humain, et dans certains cas, de la maltraitance. Pour les résidents les plus isolés, l’absence de visites familiales transforme chaque jour en une attente vaine, chaque nuit en silence pesant. Les gestes d’indifférence, d’épuisement, ou de négligence achèvent de briser ce qu’il reste d’estime, de dignité, d’humanité.

Le silence des chambres vides : la solitude au quotidien

Selon la Fondation de France, un résident sur quatre ne reçoit jamais de visite. Pas une seule. Ni enfant, ni petit-enfant, ni ami. Loin d’être des exceptions, ces chiffres traduisent une fracture générationnelle et émotionnelle. Monique, 87 ans, résidente depuis 3 ans à Nantes nous dit : « Mon fils vit à 200 km. Il m’appelait une fois par mois, maintenant c’est tous les deux. Il dit qu’il est débordé. Je comprends. Mais quand je vois les autres avec leurs enfants, je me sens invisible et triste. » Or, cet i’isolement impacte profondément la santé mentale; conséquence de dépression, de perte de repères, d’apathie. Des études rapportent qu’un résident isolé dépérit plus vite qu’un autre socialement entouré.

Une humanité sous pression : personnel à bout, gestes absents

Aides-soignants et infirmiers souvent en sous-effectif chronique, ( ratio moyen : un soignant pour 10 à 12 résidents). Insuffisant pour maintenir un lien humain de qualité. Et tout ça pour faire du fric. Engraisser les actionnaires qui ont participé au financements de ces lieux avec des montants mensuels dépassant l’entendement.  Le tarif moyen national : environ 2 418 € par mois, incluant l’hébergement et la dépendance pour un résident classé en GIR 5-6 (niveau de dépendance léger à modéré). Mais ces couts peuvent aller jusqu’à quinze mille Euros et souvent pour une qualité de vie moyenne et une approche du personnel rapide : Julie, aide-soignante depuis huit ans  témoigne : « J’aimerais pouvoir passer dix minutes avec chaque résident, les écouter. Mais j’ai à peine le temps de les changer, les nourrir, les coucher. Je finis mes journées éreintée, parfois en larmes. »

De l’usure à la négligence

Dès lors, ce contexte crée un terrain propice à la maltraitance passive. Fabienne, à placé sa maman dans un établissement de ce genre. Elle constate des soins bâclés,  un isolement prolongé en chambre, souvent, des paroles blessantes par fatigue. Non pas toujours par méchanceté, mais par épuisement systémique du personnel. Un personnel sous payé par rapport aux charges de travail qui engendre cette maltraitance passive ou active. C’est l’oubli, le négligence, l’absence de soins adaptés, l’isolement non justifié. Mais cela peut aller jusqu’aux gestes brutaux, aux paroles humiliantes, aux violences physiques ou psychologiques. Jean-Pierre, 92 ans les a subies comme de nombreuses autres résidents. « On m’a oublié aux toilettes pendant plus d’une heure. J’ai crié, personne n’est venu. Une infirmière m’a dit ensuite que je n’étais pas seul ici, qu’ils faisaient ce qu’ils pouvaient. »

Une parole difficile à faire entendre

Nombre de personnes âgées n’osent pas parler, par peur des représailles, ou parce qu’elles ne veulent pas « déranger ». D'autres ne sont plus en capacité de dénoncer ce qu'elles subissent. D’autant que les familles absentes les maintient entre culpabilité et abandonDes familles qui décrochent. Car, le plus souvent, certaines familles cessent de venir pour des raisons multiples : éloignement, culpabilité, conflits anciens, ou tout simplement incapacité à affronter le déclin d’un proche. . C’est le cas de Nathalie, 56 ans, fille d’une résidente : « J’ai arrêté d’y aller chaque semaine. C’est trop dur de la voir comme ça, de ne plus être reconnue. J’ai l’impression que ça me détruit aussi. Mais je culpabilise tous les jours. » L’abandon, même partiel, reste un tabou. Pourtant, il reflète aussi la fragilité de tout un système social et familial : celui qui peine à vieillir ensemble, à accompagner, à tenir la main jusqu’au bout.

Analyse d’un échec collectif

Les scandales récents de Orpea ont mis en lumière des dérives graves. Mais le malaise dépasse les seuls groupes privés : c’est tout le modèle des EHPAD qui est remis en cause. Manque de financement, manque de personnel formé, salaires faibles, absence d’alternatives à l’EHPAD pour les dépendances lourdes : tout cela aboutit à une perte de sens, de soin, d’humain. Pourtant, des solutions existent, mais, le développement de petites unités de vie, le renforcement de l’accompagnement à domicile, la revalorisation des métiers du soin, la présence systématique de bénévoles dans les établissements, ces idées peinent à se généraliser.

Mourir seul : le dernier scandale silencieux

Une Infirmière anonyme s’est épanchée pour nous  « Il arrive que des résidents meurent seuls, sans que personne ne s’en rende compte tout de suite. Et parfois, il n’y a personne à l’enterrement. C’est ce qui me fait le plus mal. » La fin de vie en EHPAD peut être douce, encadrée, humaine. Mais elle peut aussi être une agonie silencieuse, sans main à tenir, sans adieu. Une injustice ultime. Il nous faut donc repenser la fin de vie, ensemble. L’EHPAD n’est pas forcément un lieu de souffrance. Beaucoup d’équipes y donnent tout, certains établissements proposent une vie digne, chaleureuse. Mais pour cela, il faut du temps, des bras, des cœurs, et des familles présentes. Urgamment, la société tout entière doit s’interroger : comment voulons-nous vieillir ? Comment voulons-nous mourir ? Et surtout : qui sera là quand nous serons vieux, vulnérables et silencieux pour ne pas finir comme de pauvres chiens abandonnés dans les refuges !

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