Brouillard chez les radicaux

Publié le samedi 16 février 2019Rédigé par Aloïs Lang-Rousseau
Parlement européen
Partager cet article !

Vendredi dernier, la députée Sylvia Pinel, alors co-présidente du Mouvement radical et ancienne chef de file du Parti radical de gauche, a annoncé... son retour au PRG, avec d'autres anciens de cette formation. 

 

Plus de partis pour ceux qui en voulaient moins

La fusion de cette formation avec les radicaux valoisiens avait été actée en décembre 2017,  donnant naissance au Mouvement radical, social et libéral.

Déjà à cette période, certains élus avaient rejeté cette réunification : la députée européenne Virginie Rozière fondait de son côté les Radicaux de gauche, et Yves Jégo (qui était encore député) quittait le parti radical pour rester membre de l'UDI.

Ainsi, les radicaux sont passés de deux à trois chapelles : le PRG, les Radicaux de gauche et le Mouvement radical. Pour une réunification, c'est raté.

 

Disputes stériles entre les boutiques

France info rapporte que les deux premières structures politiques citées ci-dessus se tiraillent sur leur légitimité et leur implantation électorale. L'aile gauche du Mouvement radical défend avoir conservé 24 présidents de fédération sur 28, quatre sénateurs et la plupart des militants.

De l'autre côté, le Parti radical de gauche revendique avoir emmené la moitié des parlementaires et quatre conseillers régionaux sur cinq. L'ex-défunte formation pointe également l'incapacité du MRSL à exister politiquement depuis un an.

Et pour cause : faiblesse du nombre d'adhérents revendiqués (seulement 4000 de plus au mouvement radical qu'au PRG, alors qu'il était censé rassembler), échec de convergence des idées, et faible médiatisation des ténors du parti sont les principaux handicaps que l'on peut observer.

 

Les élections et l'argent, le nerf de la guerre

L'aile gauche de l'ex-mouvement d'union dénonce avant tout l'intention qu'avait Laurent Hénart (co-président et ex-valoisien) d'associer son camp à la liste de la République en marche pour les européennes.

Il avait déjà expliqué auparavant qu'il pouvait s'estimer LREM-compatible à condition que le parti présidentiel accepte de siéger dans le groupe ALDE au Parlement européen. D'après certains radicaux, cette main tendue pourrait rapporter de bonnes places à des valoisiens sur la liste des marcheurs, au détriment des radicaux issus de la gauche, qui n'y gagneraient que des miettes.

Mais d'autres membres évoquent la question de l'argent comme étant centrale dans le divorce : le parti de Bernard Tapie bénéficiait d'un financement public dépassant le million d'euros, explicable par la réussite aux législatives et le rattachement financier des députés PRG élus. Le camp des valoisiens n'avait pas eu autant de chance, donnant lieu à un conflit d'intérêts.

 

Le système des partis à l'agonie ?

Cette histoire bien sordide vient corroborer le scénario d'une nécrose du régime des partis, comme je l'avais déjà expliqué dans mon analyse sur la délégation française au Parlement européen.

Alors que les idéologies avaient construit les partis, ce sont celles là mêmes qui sont en train de les tuer. La raison de leur création, ou de leur regroupement, est : l'argent, et uniquement celui-ci. Soit à destination des partis, comme pour les élections législatives, soit en direction de leurs ténors, comme pour l'ensemble des scrutins.

Si l'on observe bien, Emmanuel Maurel a bien fait de se détacher du Parti socialiste, puisque celui-ci n'est peut-être plus à même de lui assurer sa réélection. Miser sur la France insoumise est plus sûr, et l'ancrage de Maurel à l'aile gauche du mouvement à la rose a été une belle occasion.

Les Verts, confortés par les sondages, ne semblent pas voir d'intérêt à opérer un rapprochement avec d'autres partis comme celui d'Aymeric Caron. Le PCF, voulant se reconstruire une place dans le paysage politique, choisit au contraire de faire bande à part.

Avec une telle division d'un côté, et des alliances motivées par l'argent de l'autre, les élections européennes ont de quoi écœurer. Et encore, l'on ne sait pas si le Parti radical de gauche fera campagne seul, ou s'associera à d'autres, comme par exemple les Radicaux de gauche...

 

Aloïs Lang-Rousseau.

Sources : France info et France 3 régions.
Partager cet article !