Candidat à la présidentielle, Antoine Waechter se confie à Infopremiere

Publié le lundi 27 septembre 2021Rédigé par Aloïs Lang-Rousseau
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Antoine Waechter, Candidat à la présidentielle, se confie à Infopremiere. C’est officiel ! Président du Mouvement Écologiste Indépendant, se lance dans la course cette année. Fondateur des Verts, candidat à l’Élysée en 1988, il a toujours défendu une écologie au-delà du clivage droite-gauche. Alors que certains prétendants à la primaire écologiste tentent de prendre cette même posture, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils donnent raison à celui qui est aussi maire-adjoint de Fulleren. Pilier de l’écologie politique, il s’est confié, pour l’une de ses premières interviews de pré-campagne, à Infopremiere.

Temps de lecture : 10 Mn

Interview : Joël-Pierre Chevreux, Aloïs Lang-Rousseau.

Sur la question écologique :

Joël-Pierre Chevreux : Parmi vos engagements, vous apportez votre soutien à la filière nucléaire. Souhaitez-vous accroître son implantation, ou la maintenir en luttant contre le démantèlement des centrales actuelles ?

Antoine Waechter :

Je suis, aujourd’hui, sur la scène politique, le plus ancien manifestant contre le nucléaire. C’était en 1971 contre le projet de centrale à Fessenheim, sur les bords du Rhin. La fédération des associations de protection de la nature, que je présidais alors, a distribué un tract dans lequel nous expliquions qu’il ne serait pas logique de refuser le déploiement de l’énergie nucléaire si nous acceptions la croissance annoncée de 10% par an de la consommation d’électricité. Cette dernière a cru et le programme d’implantation électronucléaire a été réalisé.

Voici une dizaine d’années, nous avons adopté un compromis entre ceux qui priorisaient la sortie du nucléaire (risque probable à effet local considérable) et ceux qui mettaient l’accent sur le réchauffement climatique (risque certain à effet global considérable) : nous procéderons à la réduction du nucléaire au rythme de la diminution de la consommation d’électricité. Aujourd’hui, sans abandonner l’objectif majeur de modération énergétique, nous sommes obligés d’admettre qu’au rythme de déploiement de l’électricité pour la mobilité, le numérique, la domotique, la robotique industrielle… nous ne pourrons fermer aucun réacteur nucléaire avant longtemps. Mais, nous serons confrontés à l’obsolescence progressive des sites. Nous plaidons pour un remplacement, lorsque la question se posera, par de petites centrales, non susceptibles d’excursion, fonctionnant avec un combustible présentant moins de contraintes que l’uranium (thorium ?). Tous les écologistes d’Europe seront contraints de réviser leur position dans les années à venir. Les Ecologistes français (M.E.I.) sont les premiers à avoir le courage de se confronter au réel.

Sur la question de la nature :

Aloïs Lang-Rousseau : Vous évoquez aussi la nécessité de préserver nos paysages : s’agit-il d’une façon d’écarter l’implantation de sources d’énergies renouvelables par « champs » ? Si oui, quelle politique adopter vis-à-vis des différentes énergies renouvelables ?

Antoine Waechter :

Préserver la beauté du Monde est un objectif majeur des Ecologistes. Cette beauté, qui est la singularité heureuse de la planète Terre, est à la fois faite de paysages harmonieux, spectaculaires ou patrimoniaux. Et, aussi, de diversité végétale et animale. Cette beauté répond aux deux besoins caractéristiques de l’humanité : la contemplation et la curiosité. Par ailleurs, le déploiement de l’éolien industriel terrestre affecte tout à la fois nos paysages. Mais, aussi, les chauves-souris, les oiseaux. Elle contribue à l’artificialisation des sols (200 m² de béton par mât + les accès) à l’inconfort des riverains. Elle ne constitue pas une réponse à la dérive du climat. Les aérogénérateurs n’ont aucune utilité dans le mix énergétique français. L’absence de politique paysagère, l’affaiblissement par petites touches du code de l’urbanisme et du code de l’environnement, amorcé par Hollande et accéléré par  Macron, favorise l’enlaidissement de notre pays et une biodiversité basse.

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J.P.C. : Une conviction qui a toujours structuré votre engagement politique est l’indépendance de l’écologie du clivage gauche-droite. Est-ce pour cette raison que vous ne vous êtes pas plié à la primaire écologiste, dont le premier tour a eu lieu en fin de semaine dernière ?

Antoine Waechter : Le processus de primaires ouvertes est une machine à perdre, car accessible à la manipulation. Le résultat du premier tour de la primaire verte, où les quatre candidats sérieux sont dans une mouchoir de poche mais où se trouvent sélectionnés pour le tour final les deux extrémités, entre radicalisme et opportunisme, démontre le caractère absurde de la démarche. De plus, je ne pouvais raisonnablement pas prétendre être le candidat d’un parti qui a globalement refusé de s’accorder avec nous en 2020 (municipales) et 2021 (régionales).

Sur la question de la condition animale :

A.L.R. : Au début de l’année, l’Assemblée Nationale approuvait un projet de loi porté par Loïc Dombreval, qui semble passer lentement l’étape du Sénat. Il propose notamment la fin de vente de chiens et chats en animaleries, l’interdiction à terme de certaines pratiques de chasse et des animaux sauvages dans les cirques et delphinariums. Soutenez-vous ce projet de loi, et devrait-il aller plus loin ?

Antoine Waechter : Je suis favorable à loi Dombreval. Je souhaite qu’elle aboutisse avant la fin du quinquennat. La charger de mesures supplémentaires aboutirait à son non aboutissement.

J.P.C. : Les données de l’État indiquent que dix-huit mille animaux de compagnie ont été abandonnés au cours du seul été 2021. Que proposez-vous pour absorber les abandons et lutter contre les prochains ?

Antoine Waechter : Pour éviter les abandons sauvages et responsabiliser les propriétaires, je suggère de créer un fichier qui permet de retrouver les auteurs d’abandons et de leur faire payer les frais de garde dans des établissements spécialisés (S.P.A. modernisé, ou ailleurs).

A.L.R. : Quelle est votre position sur l’expérimentation de substances chimiques sur les animaux, dans un contexte où la Commission européenne souhaite poursuivre le recours à la méthode in-vivo. ?

Antoine Waechter : L’expérimentation animale doit être interdite dès lors qu’elle n’est pas essentielle et qu’elle peut être remplacer par des techniques cellulaires.

Sur la question de la crise sanitaire :

J.P.C. : L’actualité est marquée par l’épidémie du Covid-19 et le sujet du pass sanitaire persiste à faire les gros titres de la presse. Son utilisation est dite aujourd’hui : " nécessaire jusqu’à fin novembre ". Que pensez-vous de cette mesure ? Des modifications peuvent-elles la rendre soutenable ?

A.W. : Il y aurait beaucoup à dire sur la psychose collective entretenue par les excès alarmistes. Et même les mensonges des pouvoirs publics sur la prise de pouvoir par un comité prétendument scientifique, les dispositions liberticides approuvées par Emmanuel Macron. Je ne discute pas des vaccins. Mais, je refuse l’obligation vaccinale et dénonce le cynisme de l’Etat qui ne veut pas prendre la responsabilité des éventuels effets secondaires de la vaccination, mais qui aboutit à priver de rémunération les récalcitrants et à désorganiser gravement les services hospitaliers

Sur la question de l'organisation politique :

A.L.R. : Vous avez pris position pour le retour au septennat présidentiel. Pour quelles raisons ? Ce septennat serait-il renouvelable ? 
A.W. : Mes concitoyens ne se sont pas rendus compte des conséquences de la réforme constitutionnelle soumise au référendum le 24 septembre 2000. Toutefois, la Constitution donne aujourd’hui tous les pouvoirs à un seul homme, le Président. C’est, en réalité, la technostructure élyséenne qui gouverne. Bref, dans le cadre du septennat, le Président, outre la représentation extérieure du pays et la conduite des armées en cas de crise, assure la pérennité des institutions au-delà des péripéties électorales. Il nomme le premier-ministre en fonction de la majorité formée à l’Assemblée, veille à la constitutionnalité des lois et à la cohésion de la nation. C’est la norme de toutes les démocraties occidentales.

J.P.C. : Un sujet qui est dans toutes les têtes est le mode de scrutin des élections législatives. Souhaitez-vous le modifier, si oui, de quelle(s) façon(s) ?

Antoine Waechter : Je suis favorable à la représentation proportionnelle. Et ce, dans toutes assemblées ( conseil municipal des communes de plus de mille habitants à l’Assemblée nationale). Or, toutes les sensibilités de l’opinion doivent pouvoir participer aux décisions pour que celles-ci trouvent leur pleine légitimité. De plus, l’adoption des mesures nécessaires pour sortir de la crise globale exige cette évolution pour tenter d’avancer sans rupture de la cohésion nationale. De même que pour réduire les dérapages liés à l’influence des groupes de pression. Deux mesures doivent, néanmoins, être prises pour garantir la stabilité des institutions :

  • la désignation de l’exécutif (maire, président du conseil départemental, président du conseil régional, président de la République) au suffrage direct. L’assemblée ne peut pas le destituer. En contrepartie, il ne peut pas dissoudre l’assemblée délibérant. L’exécutif propose, puis exécute ce que l’assemblée a adopté.
  • le vote du budget se fait par amendements. Ils doivent être équilibrés en recettes et en dépenses. Lorsque tous ont été soumis au vote, le budget est réputé adopté. En effet, j’ai trop souvent vu les oppositions expliquer par des acrobaties dialectiques un vote négatif lors du vote global d’un budget dont elles avaient accepté préalablement toutes les rubriques.

Sur la question du R.I.C. et du vote blanc :

A.L.R. : À l’heure du Référendum d’initiative citoyenne, du vote blanc révocatoire et des propositions basées sur le tirage au sort, certaines tendances politiques souhaitent horizontaliser la démocratie, parfois au point de supprimer toute forme ou incarnation de verticalité. Quel compromis trouver entre gestion horizontale et gestion verticale ?

Antoine Waechter :  J’ai vu de belles intentions démocratiques (au niveau communal) se briser sur l’indifférence des citoyens. Le sens du collectif est en recul sensible au bénéfice d’un individualisme consumériste. Aussi, ne partons pas dans des utopies. Je suis favorable à une démocratie représentative contrôlée. Le contrôle s’effectue de deux manières :

  • le Tribunal administratif : j’abolirais les ordonnances de François Hollande qui restreignent l’accès des citoyens au contentieux administratif, et élargirait la notion « d’intérêt à agir »
  • le référendum d’initiative citoyenne (ou populaire, peu importe le terme), notamment pour les affaires locales ; je suggère par exemple, comme cela est la règle dans certains cantons suisses, que le plan local d’urbanisme soit adopté par voie référendaire. La contestation de certains projets trouverait dans le R.I.C. une possibilité d’expression. Néanmoins, cet instrument de contrôle citoyen doit être encadré pour être pertinent. Notamment avec une participation minimale de 50%, une majorité qualifiée de 60% pour un refus ou une adoption (entre 50 et 60 %, l’assemblée responsable est invitée à réexaminer le projet pour l’amender ou l’abandonner). En somme, un débat préalable (le modèle suisse d’information est remarquable, notamment lorsqu’il s’agit d’une initiative citoyenne, c’est-à-dire une proposition émanant des citoyens eux-mêmes).
Enfin, chacun de nous a deux pouvoirs : le bulletin de vote (le vote blanc est, le cas échéant, plus signifiant que l’abstention), et les choix de consommation. C'est pourquoi, je veillerai à ce que la loi impose aux producteurs de fournir toutes les informations utiles pour un choix éclairé.

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