Charles Aznavour : roi de la culture française
Chanteur et engagé
Reconnu pour ses œuvres musicales et ses talents d’acteur, Charles Aznavour, n'en était pas moins un homme de cœur et d'engagement. Ambassadeur et délégué permanent de l'Arménie auprès de l'UNESCO, il nous a quittés le 1er Octobre dernier.
Dans les années 70, rongé par l’injustice, il s’était impliqué dans de nombreuses causes humanitaires. L’intérêt de défendre sa patrie, ses origines arméniennes, trouvait une place judicieuse au sein de ses combats. La lutte contre l’indifférence et le mépris envers les homosexuels trouvèrent, aussi, grâce à ses yeux, à l’époque, où, cette forme de sexualité se présentait comme une pratique péjorative aux yeux des Français.
Homme de détermination
« Comme ils disent », sortie en 1972, en témoigne. Charles Aznavour traitait ce sujet brûlant avec éclat malgré les mises en garde de son entourage soucieux du constat négatif de son interprétation sur son image. Déterminé, il s’y risquait : « Ça a jeté un froid. Puis on m'a demandé qui allait chanter ça. J'ai répondu : moi ! Nouveau silence. Puis quelqu'un s'est inquiété de savoir si je ferais une annonce. Vous m'imaginez annonçant sur scène que je vais me mettre à la place d'un homosexuel, alors que je ne le suis pas ? Il n'était pas question de reculer ! » « Comme ils disent » obtenu un triomphe sans précédent lors d’un récital de trente chansons à l’Olympia.
Au service des autres
Charles Aznavour s’était, aussi, beaucoup impliqué au sein de nombreux mouvements caritatifs. L’on se souvient qu’à la suite du séisme frappant l’Arménie en décembre 1988, il s’était engagé pour son pays en créant « l’association Aznavour pour l’Arménie » dans le but de secourir ses compatriotes.
L'envoi de nourriture et de vêtements a permis de secourir de nombreuses familles. Appel pathétique, sa chanson : « Pour toi Arménie », engagée, en 1989, a permis de récolter des fonds qui servirent au financement d’une fondation de solidarité. Devenu membre du conseil d'administration international de l’organisation «Armenia Fund», cette dernière versa plus de cent cinquante millions de dollars d’aide humanitaire et d’aide au développement des infrastructures à l’Arménie.
Toujours impliqué et alerte
Reste gravé dans nos mémoires ce grand moment qui marque aussi une étape humanitaire dans la carrière du chanteur : l’anniversaire de sa huitième décennie. TF1 retransmettant alors, en direct, l’émission qui lui était consacrée depuis le Palais des congrès de Paris, au profit de l’Institut national du cancer. Les bénéfices de la vente des CD et des DVD permirent de récolter des fonds importants versés à l’institut.
Ce qu'il faudra également retenir de Charles Aznavour, se sont ses nombreuses implications politiques, plusieurs soutiens de candidats aux élections présidentielles : Valéry Giscard d'Estaing en 1974, Jacques Chirac en 2002 et Nicolas Sarkozy en 2012.
Jusqu'à la semaine dernière...
L’âge avançant, Aznavour, ne reculait devant rien, conforme à son image de combattant. En 2005, il faisait campagne pour une réforme internationale du droit d’auteur afin de protéger les artistes et producteurs de l’Union Européenne sur la durée. « Cela sera bénéfique pour la culture européenne, positive pour l'économie européenne et mettrait fin à la discrimination actuelle avec les États-Unis » avouait-il sans détours.
Un an plus tard, il s’opposait à une proposition parlementaire visant à établir une licence globale forfaitaire pour le partage de fichiers protégés par copyright sur Internet, affirmant que la licence éliminerait la créativité. Jusqu’à son dernier souffle, dimanche dernier, Aznavour était resté fidèle à lui-même que rien ne pouvait détourner, pas même le succès...