Comment les animaux pourraient faire battre Hidalgo en 2020 ?
Le mercredi 13 mars dernier se clôturait une série de réunions sur les conditions de vie des animaux en ville, plus particulièrement à Paris. Ce jour-là, il fut question des chiens et des rats, de l’animal de compagnie trop peu reconnu au rongeur détesté, malgré son utilité manifeste. Le fond du discours était alimenté par des militants associatifs, et même un architecte soucieux de la question.
Des mesures et législations surprenantes
Les animaux sont la dernière roue du carrosse… parfois même derrière les trottinettes ! Le parc des Buttes Chaumont a un temps envisagé d’autoriser la circulation des trottinettes… mais pas de nos amis les chiens, même tenus en laisse, alors qu’il est bien moins probable qu’ils se rendent coupables de plus d’accidents.
Par ailleurs, la catégorisation des espèces à Paris est, encore et toujours, étonnante. Les lapins de Garenne, pigeons ramiers et sangliers (en voit-on encore?) sont considérés comme espèces nuisibles à Paris, alors que les rats sont… des organismes nuisibles.
Guerre contre les rats : entre impasse sanitaire et marché juteux
Le projet de la mairesse Anne Hidalgo, de lutter autant que possible contre les rats, n’a pas non plus séduit les militants associatifs. Outre la création d’un marché artificiel du poison (640 millions d’euros par an pour ces substances, qui menacent, non seulement, les rats, mais avec eux tous les autres animaux), la municipalité est en train de bétonner les dernières « dents creuses » parisiennes.
Ces espaces non construits sont très important parce qu’ils permettent à l’air de circuler dans la terre. Et un rat qui peut respirer sous terre, c’est un rongeur qui n’a pas besoin de remonter à la surface.
Comment votre animal peut mourir à Paris
On l’a dit à l’instant, même votre animal de compagnie peut mourir après ingestion de la fameuse « mort aux rats » (catastrophe écologique au passage). Sinon, les rats aussi bien que vos meilleurs amis peuvent se retrouver confrontés aux pièges à glu (en vigueur).
Ou encore, à ceux à base de neige artificielle (en expérimentation dans le treizième arrondissement), ou même d’explosifs. Enfin, les éboueurs se permettent parfois de tuer les rats à coups de pelles successifs.
Un sujet qui coûtera sa réélection à Anne Hidalgo ?
Et pourtant, les rats ont un rôle essentiel dans le maintien de la propreté de la ville, puisqu’ils la débarrassent de certains déchets lorsque les services municipaux ne font pas leur travail.
Ils n’amènent même pas plus de maladies que nous autres humains. Et dans une future campagne où les mots de « dégueulasse », « crade » et « sale » reviennent déjà (cf. Gaspard Gantzer et Serge Federbusch), le sujet de l’hygiène peut prendre de très grandes proportions, et peut-être, mettre la mairesse sortante hors-jeu.
La réunion était aussi organisée par deux députés de la majorité, Anne-Christine Lang et Loïc Dombreval. Info première a pu poser quelques questions à la première, à l’issue de la réunion, dans un contexte plus politique.
Aloïs Lang-Rousseau : La cause animale est un sujet intéressant à légiférer au niveau européen. La république en marche intégrera-t-elle ce sujet à sa campagne pour les élections européennes ?
Anne-Christine Lang : Je pense qu’effectivement c’est un sujet important, qui a totalement été négligé depuis des années. Mis à part les défenseurs des animaux, les politiques et les élus locaux se sont largement désintéressés de cette question, et on se rend compte que ce besoin de renouer avec la nature et les animaux est extrêmement profond chez nos concitoyens et c’est pour ça que ça m’intéresse.
A.L.R. : À l’Assemblée nationale, l’année dernière, le député non-inscrit Olivier Falorni avait proposé un amendement sur la loi « bien-être animal » pour rendre obligatoire la vidéosurveillance dans les abattoirs. Vous n’étiez pas présente lors du vote de cet amendement, si cela avait été le cas, qu’auriez-vous voté ?
A.C.L. : J’aurais réfléchi. Spontanément, on a envie de voter ces amendements. On a eu un certain nombre de débat au sein de notre groupe, avec des arguments qui m’ont fait réfléchir, notamment le fait que c’était une disposition à discuter très longuement avec les personnels des abattoirs, et à leur faire accepter.
Sinon, ce serait vécu comme une défiance systématique à leur égard, or ce sont des gens qui font des métiers difficiles. J’étais plutôt favorable à une solution transitoire, qui était donc de bien prendre le temps d’expliquer.
Par ailleurs, on a eu des gens qui nous ont expliqué que la vidéosurveillance était une fausse bonne idée dans la mesure où l’on pouvait craindre que les directeurs d’abattoirs, en se reposant sur la vidéosurveillance, négligent totalement la formation des personnels. Donc j’aurais certainement réfléchi et privilégié une solution d’attente pour aborder tous les aspects de cette question.
A.L.R. : Que pensez-vous de la loi dans l’ensemble : était-elle convaincante en l’état ou aurait-elle dû aller plus loin ?
A.C.L. : Je pense que c’était convaincant. Les députés qui portent ces questions sont assez pionniers. Ce sont des questions qui sont nouvelles, auxquelles on a insuffisamment réfléchi.
On a eu, sans doute, tendance à les écarter d’un revers demain pendant des années en disant que ce n’était pas un sujet majeur. Tout l’intérêt est de poser ces questions, de les travailler et de les faire avancer.
A.L.R. : Comment jugeriez-vous la conscience des députés sur la cause animale dans les différents groupes parlementaires ? Et plus particulièrement dans le groupe LREM ?
A.C.L. : Sur les différents groupes parlementaires, très sincèrement je n’en sais rien. Je pense que c’est une question très Trans partisane et qu’on ne peut pas véritablement classer les gens de cette façon.
Les défenseurs de la cause animale se trouvent sur tous les bancs, et je constate qu’au sein de mon groupe, que je connais le mieux, il y a une très très forte sensibilité sur cette question.
Ce que l’on a découvert au moment de la loi Egaline notamment, où étaient posées les questions sur la castration, etc. Une très forte conscience sur les questions écologiques en général, le rapport à la nature et le rapport aux animaux en particulier.