David : Seul au monde, je suis parfaitement heureux ! »
DAVID seul au monde
David : « Seul au monde, je suis parfaitement heureux ! » Quelle leçon d’humanité nous offre Alexandre, que l’on pourrait surnommer, pour la circonstance, « le Grand ». À trente-huit ans, sans famille, sans amis ni voisins, David vit seul depuis des années. Pourtant, chaque matin, il clame fièrement à sa boulangère, son unique interlocutrice, à la manière de Fernand Raynaud : « Heu-reux ! ». Tous les matins, dès l’aube, il salue le ciel, remerciant la vie pour sa santé et son existence paisible.
Une vie singulière
David P., qui habite à quelques kilomètres de Lyon, a tracé un parcours de vie peu commun. Fils unique, privé d’une famille aimante dès son enfance, il n’a jamais ressenti le besoin de se marier ni de fonder un foyer. Aujourd’hui encore, il assume pleinement ses choix : « J’ai choisi de ne pas me marier et de ne pas fonder de famille. J’ai toujours été heureux ainsi, et je ne changerais ma place pour rien au monde, même pour une fortune. » Installé dans un coin reculé, loin des regards et de l’agitation, David mène une vie hors du commun. Là où d’autres souffriraient du silence et de l’isolement, lui y trouve une source d’apaisement et de satisfaction.
Le rituel d’Alexandre
« Cela fait des années que je n’ai parlé à quiconque, sauf à ma boulangère, chaque matin. Nous échangeons trois mots : "Ça va et vous ?" Elle répond avec un sourire gracieux, et je repars avec ma baguette sous le bras. » Ce rituel quotidien dure depuis plus de quinze ans, depuis qu’Élyse, sa compagne, l’a quitté. Pourtant, David n’a jamais cherché à reconstruire une relation. « Après notre rupture, j’avais l’impression d’être en vacances. Cette solitude m’a toujours convenu. Depuis, j’ai pris mes habitudes, et je n’ai jamais ressenti le besoin de changer cela. »
Une solitude choisie et appréciée
Lorsqu’on lui demande si cette solitude ne lui pèse jamais, David répond avec sérénité. Travaillant depuis son domicile, il consacre aussi son temps à des activités enrichissantes. Passionné d’histoire, de philosophie et d’art, il dévore des livres volumineux. Lorsqu’il délaisse ses lectures, il pratique de longues marches en forêt ou fait de la musculation chez lui. Son quotidien, méticuleusement organisé, inclue également les tâches ménagères. « Je ne vois jamais le temps passer. Et pour répondre à votre question, non, je ne suis jamais seul : je suis avec moi-même. »
Cette capacité unique à apprivoiser son isolement, sans effort apparent, suscite l’admiration. Là où d’autres sombreraient dans l’angoisse ou la dépression, David évolue avec un bonheur serein. Et lorsque on lui propose de rencontrer quelqu'un par le biais d'une agence matrimoniale, un club ou un site de rencontres, il rigole : " Et puis quoi encore, je ne suis pas à vendre... ni à louer... !"
Une vie simple mais savoureuse
Donc, pas question pour lui de s’inscrire sur un site de rencontres ou de rejoindre un club social. À cette idée, il rétorque que son bonheur repose précisément sur sa condition actuelle. Lorsque l’hiver rallonge les soirées, David se réjouit de préparer de bons petits plats qu'il déguste seul en cherchant à les améliorer. Fin gourmet, il concocte des repas dignes des réveillons. Pendant que d’autres souffrent de solitude lors des fêtes, David célèbre la nativité à sa manière : champagne, petits gâteaux, et une ambiance paisible sans télévision. Il méprise cet « écran abrutissant » qui, selon lui, détruit toute intimité.
Un modèle de bonheur inattendu
De temps à autre, il s’accorde une sortie. Dans les bouchons lyonnais, il s’installe seul à une table pour savourer un saucisson cuit ou des pâtisseries maison. Ensuite, il prolonge sa soirée avec un film au cinéma. « J’éprouve un grand plaisir à rentrer chez moi après ces moments, et à conclure ma soirée avec un bon cigare. » Dans un monde où la solitude est souvent synonyme de souffrance pour bien des personnes, David, lui, incarne une étonnante exception. Là où beaucoup se briseraient, il a su construire un bonheur à sa mesure. Au pays des solitaires, il en existe au moins un qui est heureux. Et son histoire méritait d’être racontée. Voilà, c'est fait !
C.R.