Écoféminisme : Quand la lutte pour l’égalité se conjugue avec la défense de la planète"

Publié le vendredi 17 janvier 2025Rédigé par Martine De Larnes
Écoféminisme : Quand la lutte pour l’égalité se conjugue avec la défense de la planète"

Écosystème : quand la lutte pour l'égalité se conjugue avec la défense de la planète

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Écoféminisme : Quand la lutte pour l’égalité se conjugue avec la défense de la planète. L’écoféminisme, mouvement à la croisée du féminisme et de l’écologie, prend une ampleur grandissante à mesure que les crises environnementales et sociales s’intensifient. De plus en plus de femmes s’impliquent dans les luttes écologistes, mettant en avant les liens profonds et souvent ignorés entre l’exploitation des ressources naturelles et les oppressions genrées. 

Construire un avenir plus équitable et durable

Cette convergence repose sur une observation clé : les logiques de domination exercées sur la nature et sur les femmes partagent des racines historiques, culturelles et économiques communes. L’écoféminisme invite à repenser ces relations pour construire un avenir plus équitable et durable. Depuis des siècles, les systèmes patriarcaux ont instauré une hiérarchie entre la nature et la culture, entre les hommes et les femmes, justifiant ainsi une exploitation effrénée des écosystèmes et une subordination des femmes. Dans de nombreuses sociétés, les femmes ont été associées à la sphère domestique, au soin et à la reproduction, des rôles souvent perçus comme inférieurs à ceux liés à la production économique ou à la gouvernance. Cette dévalorisation a contribué à reléguer leur voix au second plan, tout comme la nature a été exploitée sans considération pour ses limites. L’écoféminisme affirme que ces deux formes de domination sont interconnectées et qu’elles doivent être combattues conjointement.

Elles se mobilisent pour défendre leurs terres

Les femmes jouent un rôle crucial dans la protection de l’environnement, en raison de leur lien direct avec les ressources naturelles dans de nombreuses régions du monde. Dans les pays du Sud, elles sont souvent responsables de la collecte de l’eau, du bois ou de la nourriture, et subissent en première ligne les conséquences des dégradations écologiques. La déforestation, la pollution des sols et le changement climatique affectent particulièrement les femmes, car ces phénomènes compliquent leur accès aux ressources vitales. Face à ces défis, elles se mobilisent pour défendre leurs terres, leurs communautés et leurs droits, contribuant ainsi à des initiatives écologiques locales et globales.

Les dernières à recevoir de l’aide

L’écoféminisme souligne également l’impact différencié des crises environnementales sur les femmes. Les catastrophes climatiques, par exemple, exacerbent les inégalités de genre. Lors des inondations ou des sécheresses, les femmes, surtout dans les régions pauvres, sont souvent les dernières à recevoir de l’aide et les premières à abandonner leurs projets pour subvenir aux besoins de leur famille. En parallèle, elles sont plus vulnérables aux violences, notamment dans les camps de réfugiés climatiques, où les structures de soutien sont insuffisantes. Ces réalités renforcent la nécessité de placer la justice de genre au cœur des politiques climatiques.

Relations harmonieuses avec les écosystèmes

Cependant, l’écoféminisme ne se limite pas à dénoncer les injustices : il propose une vision alternative pour réconcilier les êtres humains avec la nature. Ce mouvement prône une approche holistique, basée sur des valeurs de soin, de coopération et de respect des équilibres naturels. Plutôt que de voir la nature comme une ressource à exploiter, il s’agit de la considérer comme une alliée et une partenaire. De nombreuses écoféministes s’inspirent des savoirs autochtones, qui valorisent les relations harmonieuses avec les écosystèmes, pour repenser nos modes de vie et nos modèles économiques. Les luttes écoféministes prennent des formes diverses, allant de l’activisme de terrain à la réflexion théorique.

Repenser les structures de pouvoir

 Des figures comme Vandana Shiva, militante et écrivaine indienne, ont popularisé l’idée que les femmes, par leur expérience et leur connaissance des cycles naturels, détiennent des solutions précieuses pour surmonter la crise écologique. En Europe, des collectifs féministes écologiques organisent des campagnes pour dénoncer l’extractivisme, le consumérisme et les industries polluantes, tout en proposant des alternatives basées sur la sobriété, l’autonomie alimentaire et les énergies renouvelables. L’écoféminisme invite également à repenser les structures de pouvoir. Il critique les modèles économiques traditionnels, centrés sur la croissance à tout prix, qui ignorent les coûts sociaux et environnementaux. 

Exiger des changements profonds

À la place, il promeut des systèmes plus inclusifs et résilients, où les femmes jouent un rôle central dans la prise de décision. Cette approche se reflète dans des initiatives locales, comme les coopératives gérées par des femmes, mais aussi dans des mouvements globaux, comme la Green Belt Movement au Kenya, qui combine reforestation et autonomisation des femmes. En 2025, l’écoféminisme devient une force motrice dans les débats sur l’avenir de la planète. La jeunesse féminine, en particulier, s’approprie ces idées pour exiger des changements profonds. Des figures comme Greta Thunberg, tout en étant associées à des mouvements écologiques plus larges, illustrent cette dynamique, où l’écologie et la justice sociale convergent. Les réseaux sociaux permettent de relayer ces combats, de fédérer les militantes et de sensibiliser un public plus large.

Réinventer notre rapport à la nature et aux autres

Malgré ces avancées, des résistances subsistent. L’écoféminisme est parfois caricaturé comme une idéologie utopique ou essentialiste, qui réduirait les femmes à un rôle de « gardiennes de la nature ». Ces critiques soulignent la nécessité de clarifier le discours et de montrer que l’écoféminisme n’est pas une glorification simpliste du rôle des femmes, mais une stratégie de transformation systémique.

Dans un monde en quête d’équilibre, l’écoféminisme offre une perspective précieuse pour relever les défis du XXIᵉ siècle. En réaffirmant les liens entre justice sociale et préservation de l’environnement, il propose de réinventer notre rapport à la nature et aux autres. Ce mouvement, porté par des femmes engagées et résilientes, incarne une lueur d’espoir pour un avenir où l’écologie et l’égalité de genre ne seraient plus des luttes séparées, mais les piliers d’une société véritablement durable et solidaire.

 

M.D.L

 

 

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