Élection présidentielle Brésilienne
Publié le mardi 6 novembre 2018Rédigé par Aloïs Lang-Rousseau
Ce lundi, l'arrivée de Jair Bolsonaro à la Présidence du Brésil en a affolé plus d'un ; ses déclarations ouvertement homophobes, racistes, misogynes et anti-gauche feraient pâlir, ou au minimum douter, un Henry de Lesquen ou un Jean-Marie Le Pen.
Si cet ancien militaire a réussi à se faire élire, ce n'est pas uniquement pour son programme, mais aussi - et surtout - grâce à une campagne favorable, qui a tourné autour de la corruption et des affaires des hommes politiques. Tour à tour, les candidats des principaux partis (Parti des Travailleurs et Parti de la Social-Démocratie Brésilienne) se sont faits connaître pour leur corruption, ce qui a amené à leur remplacement. Leurs nouveaux représentants ont du affronter, d'une part, la baisse des intentions de vote en leur faveur, et d'autre part, de nouvelles accusations du même ordre, créant ainsi un cercle vicieux. Parallèlement, le candidat du camp sortant, Henrique Meirelles, a dû assumer l'échec cuisant de la politique du Président Michel Temer.
Par ailleurs, l'insécurité et les violences, bien connues à l'international, ont également dominé la campagne présidentielle. Le candidat d'extrême-droite a d'ailleurs été poignardé durant la campagne, alors qu'il donnait une réunion publique. À travers les soutiens à la victime venant de toutes parts, cet incident a renforcé la popularité de Bolsonaro.
Mais ce que les principaux media relatent moins, c'est que même au pouvoir, le nouveau président ne pourra pas appliquer son programme sans l'assagir ; au Brésil, le premier tour de l'élection présidentielle élit également les parlementaires. La Chambre est élue à la proportionnelle selon vingt-sept circonscriptions, et les fortes différences de résultats d'une région à l'autre ont nui au Parti Social-Libéral (parti de Bolsonaro). Sur les 513 députés, seuls 52 en sont issus. Pire, au Sénat, seuls deux tiers des sièges ont été renouvelés, et ce dans des circonscriptions défavorables au PSL, qui n'obtient que quatre sénateurs.
En conclusion, sans le soutien de l’ensemble de la droite, le centre droit et même le centre (au Sénat), Bolsonaro ne peut pas bénéficier d'une majorité pour gouverner. Et s'il veut y parvenir, il devra drastiquement assagir son projet présidentiel...
Olivier Rousseau