Hommage appuyé de notre directeur à Bernard Tapie ! Salut !
Hommage appuyé de notre directeur à Bernard Tapie ! Salut ! Bernard Tapie n’est plus ! Hier matin, l’homme de tous les possibles s’est éteint. Aujourd’hui, éloges, reconnaissance à profusion, saluent sa mémoire. Même ceux qui l’ont détesté ou trahi. Il est curieux de constater combien, chez certains individus, la rivalité s’efface devant la mort...
Interview : Aloïs Lang-Rousseau
Aloïs Lang-Rousseau : Dans quelles circonstances avez-vous côtoyé Bernard Tapie ? Joël-Pierre Chevreux : En 1986, je présidais le club Alain Giresse en accord avec son Manager Michel-Henri Ledoux qui était omniprésent à ses cotés. Et, par ailleurs, nous étions en plein lancement de ses stages vacances football à Lège Cap-Ferret. A cette époque, il existait une rivalité sulfureuse entre les Girondins de Bordeaux et l’Olympique de Marseille. Notamment, entre Claude Bez et Bernard Tapie. Le départ d’Alain pour l’O.M. avait suscité une vive émotion auprès des supporteurs bordelais. « Gigi », c’était l’enfant du pays. Son retrait du célèbre club bordelais se ressentait, pour quelques-uns, comme une trahison. Les mauvais esprits disaient : « C’est pour l’argent ! ». En réalité, la question financière n’occupait pas l’esprit de ce talentueux joueur. Il y avait d’autres complexités...
« Fais ce que ton cœur te dicte ! »
A.L-R. : C’est à ce moment que vous avez décidé de créer un comité de soutien au joueur... J.P.C. : Oui, j’appartenais déjà à son équipe de communication. J’étais chargé de transmettre des informations à la presse locale et nationale sur les activités du club. Connaissant l'honnêteté intellectuelle d’Alain, je n’avalisais pas ces rumeurs infondées et proférées par des ignorants soutenus par certains media. Alors, je me suis rapproché de son manager, Michel-Henri Ledoux : « Je vais créer un comité de soutien pour démonter ce tohu-bohu infondé.» Immédiatement, il m’a répondu : « Fais ce que ton cœur te dicte ! » Alors, j’ai réuni quelques proches d’Alain et nous avons lancé une campagne de pétition nationale : « Gigi, c’est mon copain ! ». Puis, nous avons fait imprimer des milliers d’affiches et des autos-collants. Cette action aboutie, relayée par la presse internationale, m’a valu des interventions circonstanciées sur les principales chaines de télévision et les ondes nationales. C’est dans ce cadre que j’ai rencontré, à de plusieurs reprises, Bernard Tapie à Marseille.
" On va le faire ! "
A.L-R. : Quel modèle d’homme était Bernard Tapie ? J.P.C. : Je peux dire que peu d’hommes, tout au long de ma carrière professionnelle, m’ont impressionné. Mais, de sa seule présence, se dégageait une belle énergie, une séduction charismatique, éloignée des artifices et des postures vaniteuses. A cette époque, il n’avait pas franchement abordé le monde politique. Il était connu comme l’homme d’affaires qui avait racheté Adidas, président de l’O.M., présentateur de télévision, Tapie l’homme de tous les possibles. Lorsqu’il nous disait : « On va le faire ! » ce n’était pas de vains mots. C’était un homme d’engagement. Beaucoup, d’ailleurs, même parmi ceux qui l’ont critiqué, vilipendé, lui doivent leur carrière...
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A.L-R. : Vous souvenez-vous de votre première entrevue avec lui ? J.P.C. : C’est le modèle de rencontre que l’on ne peut pas oublier ! La première fois, c’était à l’O.M. en présence de Michel Hidalgo du manager d’Alain, Michel-Henri Ledoux dont la complicité avec le Boss n’était plus à démontrer. Deux grandes portes se sont ouvertes, il est apparu, imposant et spontané. Nous avons échangé, tous les quatre, avec la plus grande simplicité. Tapie avait un caractère fort pour faire avancer les choses. Il aimait les hommes combattants. Il l’a démontré, par la suite, dans le cadre de sa lutte contre la maladie...
Réunis dans une même émotion
A.L-R. : Avez-vous revu Bernard Tapie par la suite ? J.P.C. : A Marseille, le journalisme m’a projeté dans des univers très différents. Je l’ai perdu de vue lorsque Alain à mis fin à sa carrière à l’O.M. Puis, celle de Tapie a tourné. Avec les écueils que l’on connaît. Cependant, je me souviens de notre dernière rencontre. C’était à Marseille. Le jour où Alain à raccroché ses crampons. J’étais à ses côtes sur scène pour remette à Alain une réplique de sa chaussure gauche, en or, sertie de rubis, de brillants et de saphirs. Le tout financé par les amis d’Alain, son manager et moi-même. J’étais à ses côtes sur scène pour remette à Alain une réplique de sa chaussure gauche, en or, sertie de rubis, de brillants et de saphirs... Le témoignage de ses supporters bordelais et marseillais, tous réunis dans une immense émotion, fut pour nous tous sous la houlette d’un discours du Boss particulièrement juste.
Le modèle des dégonflés
A.L-R. : Quels regard portez-vous sur sa carrière ? J.P.C. : Immense entrepreneur, l’on a semé, sur son chemin, mille et une embûches, pour tenter de paralyser ses actions. Esprit bien français. C’était sans compter sur sa pugnacité et son détachement pour le crédit des parasites. Dans ce pays, contrairement à l’inspiration Outre-Atlantique, les gagneurs, les personnages qui osent, dérangent, sortent des rangs n’ont pas leur place. Pour peu qu’un audacieux montre qu’il sait « faire de l’argent » alors, aussitôt, les foudres soupçonneuses se réveillent. Or, pour être apprécié, il faut se faire tout petit, ne pas trop exhiber une détermination de fonceur. La couardise est, hélas, l’apanage d’un bon nombre d’hommes politiques ou de responsabilités. Tapie surpassait ce modèle de dégonflés qui me rebute.
D'autres Bernard Tapie
A.L-R. : Selon vous, existe t-il d’autres Bernard Tapie en France ? J.P.C. : Des hommes de cette trempe, il en émerge peu par siècle. Certes, il existe une poignée d’aventureux, d’actifs, mais ils sont noyés dans la masse moutonnière, dans ce « politiquement correct » pusillanime, qui torpille la France. Aujourd’hui, et dans les prochaines décennies, ce pays aura besoin de requérir d’autres Bernard Tapie. Sinon, il se fourvoiera définitivement dans une voie sans issue et deviendra la risée du monde !
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