Journalisme, Subjectivité et médiatisation

Publié le samedi 19 janvier 2019Rédigé par Joël-Pierre Chevreux
Journalisme, Subjectivité et médiatisation
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Une certaine idée du journalisme

Depuis plus de quarante ans, une certaine idée du journalisme me poursuit. Est-elle conforme à la déontologie de la profession ? La question se poserait si je n’avais pas fait le choix d'y régner en électron libre, refusant la détention d’une carte professionnelle.

Homme de convictions, engagé politiquement, épris de justice, j’en défends une certaine idée, faisant preuve d’une parfaite respectabilité pour cette presse populaire que me passionne, ses échos politiques et la défense du lecteur. Cette réalité invite à la réflexion sur l'examen des comportements de certains confrères.

 

Des analyses peu objectives

De nombreuses observations objectivables, émanant de lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs, ressort un constat appuyé et interrogatif sur les comportements d'une poignée de journalistes dits : " d'opinion ".

Résignés, adeptes de la critique acerbe vis-à-à-vis d’eux, beaucoup ignorent tout du cadre préparatoire de l'interview, la méthodologie subtile de la profession, la longue interrogation qui précède le traitement d'un sujet de fond.

A leurs yeux, seule est perçue, une caricature de l'information ressortant des chaînes continues, qu’ils désignent sous le vocable de « merdias » alors que les débats publics s'y invitent quotidiennement.

 

Polémistes

Polémiques, réseaux sociaux, le nombre de journalistes d’opinion semble s'être accru. Ce constat de l'exercice de la profession est erroné.

Nous sommes rentrés dans une ère de communication où se présentent à nous des « polémistes », c’est-à-dire des professionnels qui assument totalement leur journalisme d’opinion, expriment leurs idées, lors d’une interview politique.

Leur particularité c’est, prioritairement, d'offrir une profondeur à la réflexion, notamment, sur les questions à poser. L'exercice s'est amplement répandu depuis la déliquescence des clivages " droite " et " gauche " qui ne signifient plus rien, de nos jours, dans le traitement de la thématique politique et libère mieux la parole de tout un chacun.

 

Divergences d’opinions et tensions

Car, il faut le savoir, un professionnel de la presse possède ses propres opinions, comme tout un chacun, comme leur invité(e). La maîtrise d'un point de vue personnel sur un sujet précis reste primordiale.

Face à la montée d'une tension avec un personnage politique qui n’exprime pas sincèrement son opinion, cette liberté de parole permet au journaliste de le pousser dans ses retranchements pour sortir, précisément, de la déférence. Voilà ce que le lecteur ou le téléspectateur doit entendre dans un cadre respectueux, ce ressenti vrai échangé entre deux protagonistes.

L’important est de mettre en avant cette différence entre les points essentiels, d’assumer une communication fondée sur des valeurs telles que celle de la République ou de la souveraineté nationale, thèmes faussement confinés « à droite » ou « à gauche ».

 

Ceux qui n’assument pas leurs opinions

Il existe encore, beaucoup de journalistes qui n’assument pas, hélas, leurs opinions ! A tel point qu’ils essaient de faire croire qu’ils sont dans l’objectivité et leur invité dans sa subjectivité. Il prédomine là une certaine hypocrisie dans cette manière détournée de faire passer de l’opinion.

Raconter un fait sous-entend toujours : " subjectivité " en raison de sa médiatisation. Choisir une sémantique, un mot par rapport à un autre, n’est-ce pas une façon de réaliser cette opinion ?

Assumer ses propos, ses valeurs, ses idées, fussent-elles antagonistes à celle d'un auditoire permet de construire sa propre critique car être un journaliste d’opinion ne signifie pas qu’il faille s’interdire d’exprimer ses propres certitudes.

 

Lorsque vos idées ne vous appartiennent plus...

Dés lors qu’une pensée est exprimée, elle n’appartient plus à son émetteur.

Répercutée des millions de fois, parfois dévalorisée par les réseaux sociaux : « Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre.» dit la citation.

Il convient donc d’aller à l’essentiel, d’une manière cohérente, même si l’on est en désaccord avec son interlocuteur (trice).

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