La participation selon le général de Gaulle une vision à réinventer en 2025

Publié le vendredi 17 janvier 2025Rédigé par Joël-Pierre Chevreux
   La participation selon le général de Gaulle une vision à réinventer en 2025

La participation selon le général de Gaulle une vision à réinventer en 2025

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La participation, selon le général de Gaulle, une vision à réinventer en 2025. Défenseur de ce modèle social équilibré, le fondateur de la V° République poursuivait sa conception ambitieuse. Pour lui, ce modèle novateur ne devait pas être uniquement un lieu de travail subordonné au capital, mais aussi un espace où les salariés pourraient jouer un rôle actif dans les décisions et bénéficier des fruits de leur travail.

Une communauté d’intérêts entre dirigeants et employés

L’idée s’inscrit dans une vision où la participation dépasse les clivages entre capitalisme et socialisme comme pilier d'une société équilibrée, capable de dépasser ces clivages. Le général De Gaulle voyait dans ce principe une double dimension :

-d’abord la participation financière, où les salariés seraient associés aux bénéfices de l’entreprise par des mécanismes comme l’intéressement ou l’actionnariat salarié, afin de réduire les inégalités entre les détenteurs de capital et les travailleurs.

-la participation à la gestion, où il souhaitait la pleine implication des salariés dans les décisions stratégiques de l’entreprise, par le biais de conseils d’administration ou d’autres organes de gouvernance. Cette vision devait créer une communauté d’intérêts entre dirigeants et employés, limitant les conflits sociaux et favorisant la productivité ainsi que le sentiment d’appartenance des travailleurs.

Hostilité du patronat et des syndicats

Malheureusement, malgré l’intérêt de ce projet, le projet n’a jamais été pleinement réalisé en France pour plusieurs raisons. D’abord, les résistances idéologiques. Les syndicats, méfiants vis-à-vis de tout ce qui pouvait diluer la lutte des classes. Ils ont souvent vu dans la participation une tentative de détourner les travailleurs de revendications plus directes, comme les augmentations salariales ou la réduction du temps de travail. Ensuite, l’hostilité du patronat, qui, attaché à son pouvoir décisionnel et à la maîtrise du capital, percevait le projet comme une intrusion dans ses prérogatives.

Contextes années 70/80

Le contexte économique a également joué un rôle défavorable, les crises des années 1970 et 1980 ayant déplacé les priorités politiques vers la lutte contre le chômage et l’inflation. Enfin, le manque de cadre juridique contraignant a limité la portée des mesures mises en place, comme l’intéressement et la participation financière, qui sont restées ponctuelles et incomplètes.

Rendre obligatoire une forme d’actionnariat salarié

Cependant, au vu de notre conjoncture économique actuelle et du climat délétère qui règne en France, il conviendrait d’adapter et relancer l’idée de participation dans le contexte actuel, tout en adoptant plusieurs modifications en 2025. Il serait possible de renforcer la participation financière en rendant obligatoire une forme d’actionnariat salarié dans les grandes entreprises ou en réformant les mécanismes d’intéressement pour les rendre plus accessibles aux petites entreprises et mieux alignés sur les résultats réels.

Tenir compte des transformations numériques

La promotion de la cogestion serait également un levier important, en s’inspirant du modèle allemand où les salariés sont représentés au sein des conseils d’administration ou en créant des organes de concertation obligatoires pour discuter des grandes orientations stratégiques. De nos jours, il faudrait également tenir compte des transformations numériques, en encourageant les entreprises à mettre en place des plateformes de consultation régulière ou des outils favorisant de nouvelles formes de participation collective, particulièrement dans les startups et entreprises technologiques.

Outil clé dans les politiques de transition écologique

Et pourquoi pas des incitations fiscales mises en place pour récompenser les entreprises intégrant ces principes et, à l’inverse, sanctionner celles qui refusent toute forme de partage des bénéfices ? Enfin, la participation pourrait devenir un outil clé dans les politiques de transition écologique, en impliquant les salariés dans les décisions liées à la durabilité ou à l’innovation verte, tout en veillant à un partage équitable des gains issus de la numérisation et de l’automatisation.

Levier majeur pour réconcilier performance économique et justice sociale.

Un tel projet réveillerait, en 2025, au coeur de cette léthargie politique française actuelle rognée par Bruxelles, une volonté politique forte, un dialogue social renouvelé et une sensibilisation des entreprises aux bénéfices à long terme d’une gouvernance participative. Actualisée et modernisée, la vision de la participation selon le général de Gaulle pourrait devenir un levier majeur pour réconcilier performance économique et justice sociale. En 2025, il appartient à chacun – dirigeants, salariés et décideurs publics – de transformer cette vision en réalité. Sera-ton entendus en 2027 ?

 

J.P.C.

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