L'extrémisme des religions, ce nouveau Mur de Berlin en France
Ce dimanche a lieu une marche prétendument contre l'islamophobie, dont une vaste part de la gauche s'est désolidarisée. La faute à un extrémisme religieux se dissimulant dans son organisation et son soutien.
Le contexte
Le 1er novembre, Libération publie une tribune appelant à manifester contre l'islamophobie le 10 du mois. Parmi ses rédacteurs : le C.C.I.F., organisation soupçonnée par quelques uns d'être liée aux Frères Musulmans. L'on y trouve aussi Madjid Messaoudene ( imam et conseiller municipal ), le N.P.A., l'U.N.E.F., le comité Adama ou Taha Bouhafs ( journaliste ex-LFI s'étant déjà réclamé de l'antisionisme ). De nombreuses personnalités des Verts, de la France insoumise, de Génération.s et du P.C.F. ont signé le texte. Par ailleurs, ils sont rejoints par la militante Caroline de Haas, le journalistes Alain Gresch et Edwy Plenel, le gilet jaune Jérôme Rodrigues, l'humoriste Yassine Belattar ou le youtubeur Bonjour Tristesse.
La gauche prise au piège
Problème : l'appel à la manifestation est contesté sur le fond et la forme. Sur le fond, le P.S. soupçonne l'expression la désignation de la loi de 2004 sur la laïcité comme "liberticide". Madjid Messaoudene confirme cette affirmation, ciblant clairement ce texte législatif au micro de Quotidien. Sur la forme, l'imam ultraconservateur Nader Abou Anas a signé la tribune, jusqu'à ce que l'on juge sa présence gênante. Celui-ci apparaît dans une vidéo, faisant état de positions sexistes et rétrogrades, qui a fait le tour des réseaux sociaux. Autres personnalités sulfureuses : Marwan Muhammad, qui a soutenu Tariq Ramadan face à la justice, et avant cela, a défendu des imams expulsés pour radicalisme islamiste. En conséquence, Yannick Jadot, David Cormand et François Ruffin ont indiqué ne pas être présents à l'événement.
Le sectarisme politicien des religions
Il faut observer que la manifestation n'a rien de particulièrement rassembleur. Le texte de la tribune ne cite pas une fois les préjudices subis par les autres religions. Pourtant, les actes antisémites ont considérablement augmentés, et que les chiffres des méfaits anti-chrétiens sont, depuis plusieurs années, environ deux fois supérieurs aux actes islamophobes. Pour une couverture médiatique moindre sur les principaux canaux d'information, différentes sur l'ensemble des média. Face à l'ensemble de ces attaques en triste progression, l'on aurait pu attendre que les religions soient suffisamment matures pour instaurer un climat d'amitié entre les cultes, et assuré d'évacuer leurs propres brebis galeuses. Ceci n'est pas arrivé, et l'on peut l'expliquer par le comportement politicien de ces confessions.
Le retour d'un paradigme gauche/droite ?
En effet, l'on est tenté de croire que le catholicisme serait associé à la droite ( dont certains chantres militent pour l'inscription dans la Constitution des racines chrétiennes de la France ) et l'Islam à la gauche. Beaucoup se contentent de ce schéma binaire, alors que la situation réelle n'est pas aussi simple. Au sein - ou en marge - du catholicisme, existent des associations chrétiennes se réclamant du progressisme, voire de la gauche. L'Eglise gallicane, moins conservatrice que le catholicisme ultramontaniste, a dominé la France du début du XVème siècle à la Restauration.
Les droites extrêmes religieuses
De l'autre côté, les formes les plus conservatrices de l'Islam radical sont comparables à l'ultramontanisme catholique : refus du mariage pour tous ( voire homophobie ), pénalisation de l'adultère, rejet de la contraception, suppression de la liberté des femmes à sortir seules du foyer familial ou de gérer seules leur compte bancaire... Tout un panel de positions que l'on rapproche aujourd'hui de l'extrême droite. Les cultes se sont parfois rejoints sur des aspirations rétrogrades, comme ici pour condamner l'euthanasie et le suicide assisté. Bon courage à ceux qui manifestent avec de telles personnes, aussi bien aujourd'hui qu'à la manifestation contre la PMA de septembre dernier.