L.F.I. veut destituer Macron : chronique d’une mutation de l’extrême gauche

Publié le lundi 19 août 2024Rédigé par Aloïs Lang-Rousseau
L.F.I. veut destituer Macron : chronique d’une mutation de l’extrême gauche

L.F.I. veut destituer Macron : Chronique d'une mutation de l'extrême gauche

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L.F.I. veut destituer Macron : chronique d’une mutation de l’extrême gauche

 

Dans une tribune, les ténors de la France insoumise se disent prêts à enclencher l’Article 68 de la Constitution pour démettre le président de la République s’il ne nomme pas Lucie Castets à Matignon. Or, ce scénario reste hautement improbable, mais il confirme le classement de la France insoumise à l’extrême gauche. Une extrême gauche renouvelée dans ses méthodes, mais pas dans ses objectifs...

Une destitution impossible

Revenons sur la démarche en elle-même. L’Article 68 permet d’enclencher un vote parlementaire sur la destitution ou non du président de la République. Son déclenchement doit être sollicité soit par 58 députés, soit par 35 sénateurs. À l’Assemblée, LFI peut y arriver seule. Au Sénat, une alliance avec les écologistes et les communistes est indispensable, le PS venant de refuser de se joindre à la démarche. Ensuite, chaque Assemblée devra convaincre son Bureau de constituer une « Haute Cour », qui devra alors voter la destitution avec une majorité de deux tiers de votes favorables. Un scénario inatteignable au vu du nombre de parlementaires républicains (179) et centristes (264), auquel il faudrait ajouter les radicaux de gauche (16), régionalistes (22) et quelques non-inscrits. La démarche des insoumis n’aura donc d’autre effet que de nourrir une campagne de communication déjà fort dense depuis la révélation du nom de Lucie Castets, inconnue auparavant.

L’amnésie de la gauche radicale

L’acharnement des insoumis pour la nomination de leur dauphine comme première ministre est très anachronique pour un parti se prévalant de la Sixième République et de la démocratie parlementaire. En effet, dans un tel paradigme démocratique, arriver en tête n’est pas toujours synonyme de victoire ! Par exemple, en Espagne, l’an dernier, le PSOE de Pedro Sanchez, président sortant du gouvernement, est défait par le Parti Populaire (droite). Mais ce dernier demeure en infériorité numérique, même en cas de soutien sans participation du parti d’extrême droite Vox. C’est alors Pedro Sanchez qui parvient à former un gouvernement, avec… Sumar, équivalent espagnol de la France insoumise ! Ainsi, la même gauche qui insiste pour sa désignation à Matignon au prétexte d’être arrivée en tête, se trouve très heureuse de gouverner l’Espagne en n’étant parvenue que quatrième...

Vers le post-insurrectionnalisme

Cet épisode politique est intéressant parce qu’il parachève la mutation d’une partie de l’extrême gauche. La vraie, celle qui conteste le réformisme et les institutions. Celle-ci est portée notamment par les trotskystes du POI, les écologistes radicaux de la REV, ou l’antifasciste issu de groupuscules nébuleux Raphaël Arnault. Mélenchon, initialement socialiste et réformiste, semble les avoir retrouvés sur une stratégie qu’ils empruntent ensemble : déstabiliser les institutions de l’intérieur, en prenant part aux élections et en investissant les lieux de pouvoir. Les nombreuses exactions commises à l’Assemblée nationale confirmaient déjà cette convergence. La menace de l’Article 68, hautement relayée par les mêmes Raphaël Arnault et Jérôme Legavre (POI) la complètent. Ainsi, La France insoumise se démarque de la gauche radicale (mais restée réformiste, comme le PCF), et se fait l’incarnation d’une extrême gauche post-insurrectionnelle. De quoi scinder en deux le Nouveau Front Populaire ? L’avenir nous le dira...

 

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