Macron chez Valeurs actuelles : le candidat de l'union des droites en 2022
En s'adressant au journal ouvertement conservateur Valeurs Actuelles, Emmanuel Macron a compris qu'il avait des voix à récupérer parmi ceux qui réclament une sempiternelle union des droites. Sa réélection en 2022 est assurée.
Provocations en série
Dans mon édito de l'été passé, Comment l'extrême droite arrivera au pouvoir en 2027, je commentais la stratégie d'Emmanuel Macron pour sa réélection en 2022 ; ses provocations incessantes contre l'électorat conservateur. Déjà en 2017, l'on a pu entendre des phrases comme celle sur la "culture française" qu'Emmanuel Macron ne "voyait" pas. On pense, pendant le quinquennat, aux tenues de Sibeth Ndiaye ( qui s'est calmée depuis ) et à la photo au doigt d'honneur. Dernièrement, la phrase "Le voile, ce n'est pas mon affaire" a suscité la méfiance de l'opposition de façon générale. L'ensemble de ces propos, de par leur aspect purement provocateur, contribue à radicaliser l'opinion publique et à la pousser vers les extrêmes, en particulier l'extrême droite.
Une Convention fort utile
Une autre brique s'est s'ajoutée à cette stratégie, bien que n'en faisant pas partie initialement : la Convention de la droite. Très médiatisée, cette initiative a clairement entravé le Rassemblement national, dont les cadres étaient absents à l'exception de Gilbert Collard. Le parti de la famille Le Pen reproche à l'événement de cocher "les pires cases de l'extrême droite". Pourtant, l'union des droites a maintes fois été défendue par cette formation, et même actée en 1986 ( F.N. - C.N.I.P. ). Derniers exemples en date : le soutien du RN au candidat LR à la législative partielle de Mayotte, et la demande de liste commune avec Nicolas Dupont-Aignan en vue des européennes.
Un adversaire incohérent
Aujourd'hui, cela semble être passé de mode. Marine Le Pen, non contente du soutien de l'ex-insoumis Andréa Kotarac, appelle "les patriotes de gauche et de droite" à la rejoindre. Problème : cette convergence est déjà arrivée, avec l'ascension de l'ex-chevènementiste Florian Philippot... Et l'aile gauche ainsi formée est partie chez Les Patriotes, suite au revirement du parti frontiste sur la question européenne. Pourtant, avec de telles déclarations et en s'éloignant d'Eric Zemmour, la présidente du R.N. persiste à faire du Philippot sans Philippot...
En réalité, elle est entravée par sa base électorale, dont une partie provient de la gauche. Plusieurs de ses députés du Nord et du Pas-de-Calais ont été élus sur d'anciennes terres socialistes et communistes. Jean-Luc Mélenchon et François Hollande ont même fait preuve de moins de méfiance des sympathisants R.N. que d'autres politiciens, d'après Elabe.
Des voix à reprendre
C'est une faille qui pourrait clairement profiter à l'actuel président. En affirmant sa fermeté sur le régalien, il entend saisir un électorat que sa rivale lui laisse sur un plateau. L'interview à Valeurs actuelles est la cerise sur le gâteau ; le fondateur d'En Marche s'adresse directement à eux. Et il convainc déjà. Robert Ménard salue les convictions européennes et la loi Travail de l'exécutif. Le maire de Cogolin Marc-Etienne Lansade, indentitaire et soutien de Marion Maréchal, salue sa "vraie politique de droite". Patrick Buisson a même affirmé, avec regrets, que le candidat d'union des droites en 2022 serait bel et bien Macron.
Le pari est alors double : conquérir l'aile droite des Républicains, et affaiblir le R.N. pour une victoire encore plus spectaculaire. Le piège est ficelé, et au vu d'une gauche ridiculisée par sa division, l'élection est déjà gagnée.