Face à Stéphane Ravier, candidat RN aux municipales à Marseille, les autres partis peinent à faire émerger une candidature capable de le défier, risquant de servir la mairie à l'extrême-droite.
Un nombre exponentiel de candidatures
Le premier à se lancer dans la course est le sénateur L.R. Bruno Gilles,
encouragé par l'appui initial de Jean-Claude Gaudin, maire sortant. Stéphane Ravier ( R.N. ), déjà candidat en 2014, ne tarde pas à faire de même.
Pour le reste, les européennes rebattent les cartes ; suite à l'échec cuisant des Républicains, un grand nombre d'élus du parti plaident pour une alliance avec En Marche. Ceux-ci ( parmi lesquels... Jean-Claude Gaudin ) évoquent ainsi Martine Vassal, présidente du département et de la communauté de métropole. Celle-ci déclare sa candidature en septembre 2019, bien qu'ayant annoncé initialement son soutien à Gilles (
des internautes l'ont remarqué ).
L'automne voit les bouillonnements des autres formations : les Verts partent seuls derrière Sébastien Barles, la gauche peine à s'unir, et la République en marche enregistre deux prétendants. L'un d'eux, le député Saïd Ahamada, exaspéré par la lente décision de son parti, choisit d'y aller avec ou sans son accord. Seul espace politique uni : l'extrême droite. Le R.N. reste loin d'accéder à la mairie, du fait du mode de scrutin par secteurs. Mais ses chances de dominer le premier tour sont historiques, ce qui peut être encourageant pour les électeurs les plus droitiers des autres listes.
La gauche hors jeu
Les partis de gauche ne sont pas en reste. Une union est en projet, impliquant les milieux associatifs et politiques, dont la France insoumise, l'ancien candidat communiste Jean-Marc Coppola et le chef de file désigné par le P.S., Benoît Payan. Il s'agit du Printemps marseillais. La C.G.T., Mad Mars et d'autres associations rejoignent le collectif par la suite.
Problème : l'aile centrale du PS, autour de Patrick Menucci, refuse de travailler avec la France insoumise et préconise
une alliance derrière la sénatrice Samia Ghali, qui vient pourtant de quitter le parti. Et comme si cela ne suffisait pas,
un certain nombre de citoyens et d'associations, ne s'estimant pas assez consultés, ont quitté le Printemps marseillais. Bilan : trois listes semblent être en cours de constitution, dont deux sur la bonne voie pour aboutir. Sans compter les écologistes, qui ont refusé toute démarche de rassemblement.
Le dilemne de LREM : marcher ou se rendre coupable
Le choix du parti présidentiel est très observé, car déterminant. En plus des deux prétendants Saïd Ahamada et Yvon Berland, la candidate Martine Vassal et le clan Ghali recherchent sa bénédiction.
Par stratégie, L.R.E.M. devrait éviter d'investir Yvon Berland, qui n'ajouterait que plus de divisions à la bouillie marseillaise déjà en place. Plus encore ; ce pourrait être perçu comme un moyen de faciliter la victoire de son opposant préféré, le Rassemblement national.
La tactique préconiserait également de refuser toute faveur à Martine Vassal. La fédération locale d'En Marche, très critique envers le maire sortant,
s'est clairement opposée à une alliance avec L.R. Un soutien de Macron à la candidate adoubée par Gaudin inciterait cette fédération à se ranger derrière le dissident Ahamada. La meilleure option pour les macronistes est donc d'investir ce dernier, puisqu'il s'est déclaré candidat quoi qu'il arrive, et qu'il devance désormais Samia Ghali dans les sondages.
L'enjeu pour LR : diminuer le RN.
Pour les Républicains, la tâche est encore plus ardue, tant les prétendants sont déterminés. La situation actuelle est telle qu'il est inconcevable, pour le parti, de perdre la mairie à cause d'une division. Ou pire ; de la servir au parti frontiste sur un plateau. L'enjeu est donc double ; creuser l'écart avec la République en marche et grignoter des voix au Rassemblement national, donné en tête des enquêtes d'opinions dans certaines configurations.
Le premier objectif semble servir Martine Vassal, qui avait souhaité s'associer aux partisans d'Emmanuel Macron. Mais sa proximité avec l'aile libérale des Républicains menace de la couper du deuxième enjeu. Bruno Gilles, gaulliste, semble plus à même de relever cette tâche ; n'oublions pas que l'électorat de Marine Le Pen est composé, en partie, de gaullistes ayant quitté la droite parlementaire. Par ailleurs, L.R. distance déjà la République en marche, et les électeurs préconisant le "vote utile" n'hésiteront pas à préférer les premiers, quelque soit la tête de liste.
Conclusion
Cette réflexion nous a amené à deux conditions optimales visant à prévenir toute menace frontiste :
• L.R.E.M. doit soutenir Saïd Ahamada, plus à même de capter l'appui la fédération locale du parti
• les Républicains, s'ils veulent s'assurer de devancer le R.N. premier tour, devraient préférer la candidature de Bruno Gilles. Celui-ci propose, par ailleurs, un consensus acceptable : lui à la mairie, Vassal reconduite à la métropole et maintenue au département.