Peut-on encore rire de tout aujourd’hui, en France ?
Publié le lundi 12 février 2018Rédigé par Joël-Pierre Chevreux
Si Coluche, Le Luron ou Desproges étaient toujours de ce monde, sans doute se révolteraient t’ils, courroucés, devant la mentalité nauséabonde qui s’est emparée de notre pays en matière d’humour. Cette idéologie envahissante s’exprime à travers les spéculations influentes de micro-communautés qui s’accomplissent sur les réseaux sociaux, via Twitter. Ces groupes ou mini institutions propagent une zizanie déplorable en faisant pression sur le public au prétexte de restituer la moralité. Ils appellent à la mobilisation collective pour tenter de se faire entendre. N’ont-ils pas mieux à faire ?
Tout d’abord, il faut bien comprendre que le Français, avec son esprit gaulois, ne s’apparente en rien au modèle américain, celui qui inspire précisément ces groupuscules tentant de nous les imposer un modèle de pensée inquisitoire. L’humour, certes, parfois un peu malvenu ou insolent caractérise nos principes de vie teintés de grivoiseries. Ils nous rappellent aussi que la dérision peut s’abandonner jusqu’à “ rire de tout, mais pas avec n’importe qui ” comme l’exprimait si bien Desproges. C’est, bien sûr, au second degré que la caricature doit s’entendre. Encore faut-il avoir la faculté de concevoir ce fondement.
Cela ne semble pas être entendu par ces communautés ignorantes de la distance entre le premier et le second degré, avec le soutien de certains media. Elles nous entraînent dans un regrettable effondrement de l’esprit, à tel point que personne, aujourd’hui, n’ose plus s’exprimer soucieux de leurs réactions. Ces pseudos-penseurs s’autorisent à gamberger pour les autres. C’est, en réalité, pour récolter de nombreux “ like ”. Devons-nous rentrer dans ce cercle vicieux, nous laisser museler et nous laisser contraindre à nous comporter comme des moutons de Panurge ?
Qu’on le dise : “ L’humour ne se polisse pas ! “ En France, - faut-il le rappeler ? - au pays des droits de l’homme, tout un chacun a le droit de s’exprimer. Et, j’invite tous ceux qui ont quelque chose de pesant resté sur le cœur à se délivrer de ce carcan intimidant, d’un non-dit contenu, craintif des représailles nébuleuses de la part de ces communautés diviseuses plus que rassembleuses. Elles ne représentent que quelques poignées de personnes dont les pensées inciteraient nos écrivains d’antan à l’hilarité. Nos humoristes n’ont pour seule arme que les mots. Le crime et le tourment ne leur appartiennent pas ! Entretenir cette confusion relève d’une perversion pathologique.
Nous apprécierions que ces penseurs du XXI° siècle trop influencés par l’esprit d’Outre-Atlantique reviennent à des considérations plus nuancées. Tapoter sur son clavier pour récupérer des “ j’aime “ n’apporte rien de concret à la société. Or, l’efficacité se montre sur le terrain auprès des intervenants, des assistantes sociales ou des associations venant en aide aux femmes battues, par exemple. La gratitude de sa personne, par ailleurs bien légitime, se trouve là. Pas sur les réseaux sociaux. Alors, à bons entendeurs, salut !