Primaire écologiste : qui de sérieux dans cette campagne improbable ?

Publié le mercredi 15 septembre 2021Rédigé par Aloïs Lang-Rousseau
Primaire écologiste
Partager cet article !

Vous trouvez la campagne présidentielle morne et peu envoûtante ? Observez la primaire écologiste, en prenant soin de venir avec votre pop corn (bio). Le Monde a passé au crible les programmes, nous commenterons, quant à nous, la forme. Et c’est salé.

Twitter Comedy Club

Pour plusieurs des candidats, Twitter fait office de défouloir généralisé. Une autoroute empruntée par toutes leurs idées et réflexions, y compris les plus saugrenues. Yannick Jadot nous explique que si nous ne sortons pas du nucléaire, nous serons dépendants… des pétromonarchies du Golf (sans e, formulation un peu « rough »). Jean-Marc Governatori revisite la notion de blasphème, ou plutôt, la place qu’elle devrait avoir en France selon lui. Éric Piolle publie, puis supprime, un communiqué invitant au dialogue et à la reconnaissance, sous conditions, du régime taliban d’Afghanistan. Sa rivale Sandrine Rousseau, elle, souhaite surveiller les islamistes radicaux du pays… en les accueillant en France. Un compte Twitter parodique a d’ailleurs été créé au nom de Sandrine Ruisseau. Autant dire que la confusion n’est pas si difficile que ça...

Trolls d’ici et d’ailleurs

Suite à ces tergiversations numériques, notamment de la part de Sandrine Rousseau, certains militants anti-EELV ont voulu s’inviter dans les urnes de la primaire écologiste. Parmi eux, le député RN Sébastien Chenu et le militant identitaire Damien Rieu. Cependant, les organisateurs de la primaire ont profité des règles de fonctionnement opaques de leur association pour supprimer le droit de vote de certains de ces profils, dont nos deux trolls d’extrême droite. Pour le reste, il est assez difficile de cerner l’électorat de cette élection primaire. Mais nous imaginons que ce qui fera l’élection, ce sera la présence de militants d’autres partis, choisissant le plus proche de leurs idées. Le même mécanisme qui a fait élire François Fillon en 2016, et Benoît Hamon en 2017...

« La gauche avec nous ! »...

Le dialogue avec les forces de gauche, EELV y croit encore. Tous ses candidats sont prêts à mener bataille commune avec les uns ou les autres de leurs partenaires électoraux habituels… À condition que ce soit eux qui soutiennent leur candidat, bien sûr. La tâche n’est pas aisée : Mélenchon, Roussel, Montebourg et Hidalgo se sont déjà jetés dans l’arène. Et au moins deux d’entre eux sont assurés de décrocher les cinq cent parrainages, respectivement grâce au PS et au PCF. Quant à Mélenchon, qui peut encore espérer le convaincre de se désister, lui qui a échangé sa candidature contre 150 000 soutiens alors que son parti compte 480 000 membres ?

Lire aussi : Delphine Batho et Yannick Jadot dominent le débat de la primaire écolo

...mais pas pour tout le monde.

Cette course après la gauche, deux candidats assument de ne jamais l’avoir cherchée, et de ne pas vouloir s’y prêter. Delphine Batho, présidente de Génération Écologie, et Jean-Marc Governatori, co-président de Cap Écologie. Ce dernier se situe de lui-même au centre, au point de souvent répéter la locution « écologistes centristes » dans ses prises de parole. Ce positionnement vaut d’ailleurs aux deux candidats d’être classés à droite par l’aile gauche d’EELV. Cette dernière n’apprécie pas leur présence à la manifestation en soutien aux forces de l’ordre, ni les positions laïques claires de Delphine Batho.

Des profils, en veux-tu, en voilà !

Aucun des cinq candidats n’a le même profil politique. Jean-Marc Governatori, outre ses déclarations sur son CV, est le seul entrepreneur parmi les cinq candidats, et sa gestion lui a valu quelques récompenses. Il est par ailleurs conseiller municipal de Nice depuis 2020. L’autre élu local de la bande est Éric Piolle, qui, en comparant sa gestion de Grenoble et ses souhaits pour la France, fait office de « Dupont-Aignan » de la primaire. De son côté, Sandrine Rousseau n’est plus conseillère régionale depuis l’échec cuisant de la gauche en 2015. Elle est économiste (une découverte au vu de certaines de ses propositions et déclarations) et vice-présidente de l’université de Lille. Quant à Yannick Jadot, nous nous souvenons tous de son mandat de député européen. Le seul profil politique véritablement sérieux est celui de Delphine Batho, députée et ancienne ministre de l’écologie. L’assurance d’offrir aux militants du climat une candidate crédible qui saura mieux se méfier de ses ministres qu’un certain Hollande François...

Partager cet article !