Pro-Européen... Oui, mais…

Publié le lundi 6 mai 2024Rédigé par Joël-Pierre Chevreux
Pro-Européen... Oui, mais…

Pro Européen... Oui, mais...

Partager cet article !

Pro-Européen... Oui, mais… Joël-Pierre Chevreux, directeur de Infopremiere sera bien présent sur la liste de Yann Wehrling : «  Ecologie positive et territoires ». Une occasion de faire le point sur la vision du coprésident de l’Union des Gaullistes de France (U.G.F.) au regard de l’Union Européenne.

Entretien : Cédric Fichet

Cédric Fichet :  Joël-Pierre Chevreux, vous vous retrouvez en trente-troisième position sur une liste pro européenne. Auriez-vous révisé votre position qui aurait pu laisser penser que vous étiez plutôt souverainiste ?

Joël-Pierre Chevreux : Je n’ai jamais été favorable au souverainisme penchant plutôt pour l’idée d’un marché unique permettant la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes entre ses États membres. L’intérêt de ce système repose sur un commerce, stimulant la croissance économique tout en créant des opportunités pour les entreprises et les travailleurs européens. Or, en sa qualité de bloc économique et politique majeur, cette institution exerce aussi une influence significative sur la scène mondiale dans de nombreux domaines, commerce international, diplomatie, changement climatique et  coopération au développement. Ce qui n'est pas négligeable !

C.F. : Certains lecteurs d'infopremiere et quelques personnes parmi votre entourage vous ont reproché de vous rallier à une liste pro européenne…

J.P.C. : Cette réaction s'impose, sans doute, à leurs yeux, en raison d'une non perception de mes aspirations et encore moins sur le regard que je porte sur l’intérêt de la cohésion économique et sociale de l’U.E. Et, notamment, au regard des politiques visant à promouvoir la durabilité environnementale, à protéger la biodiversité, à lutter contre le changement climatique et à promouvoir les énergies renouvelables. Voilà pourquoi j’ai souscris à la liste de Yann Weheurorling.

C.F. : La protection animale qui figure sur son programme présente aussi, pour vous, un intérêt tout particulier…

J.P.C. : En premier lieu, j’ai trouvé auprès Yann Wehrling une motivation sincère pour la cause animale ce qui n’est pas toujours le cas au sein de formations dites «  écologistes » lesquelles n’ont pas encore entendu l’interdépendance entre l‘homme, l’animal et la nature. Yann Wehrling propose, dans son programme électoral, toute une panoplie de réformes profondes en faveur des animaux. C’est aussi pour cette raison que j’ai accepté de figurer sur sa liste. En effet, c’est grâce aux actions du législateur que se sont humanisées les rapports entre l’homme et les animaux. Or, le monde de la protection animale change. Même à dose homéopathique, il faut saluer cette mutation. Aujourd’hui, cheminent sur ses sentes, des millions de personnes qui refusent la banalisation de la souffrance des animaux. Bref, nous devons donc comprendre l’urgence d’une éducation solide en faveur de l’animal pour que la société humaine accède plus rapidement à un stade réellement civilisé à une époque, où, malheureusement, la violence est devenue récurrente. Or, dans le combat en faveur de l’animal niche aussi celui de l’homme. Actuellement, des phénomènes assassins comme les corridas ou les expérimentations dites : « scientifiques », les abus de la chasse, des abattoirs publics ou clandestins montrent un réquisitoire désolant. Par conséquent, il nous fait oublier les menaces qui pèsent aussi sur la faune sauvage. En cause, la pollution et les nuisances qui pèsent sur notre environnement aujourd’hui menacé dans son existence à cause du développement de la civilisation industrielle et l’emprise croissante de la technologie sur le milieu naturel de l’homme. Les biologistes se font de plus en plus pressants pour que l’homme s’engage sur la voie d’une véritable sauvegarde des espèces animales en péril.

C.F. : Pour autant, votre regard sur L’Union Européenne n’est pas toujours positif.

J.P.C. : Nous devons trouver un bon équilibre pour fournir la gestion d’une institution aujourd’hui défaillante sur un certain nombre de points.

C.F. : Lesquels, selon vous ?

J.P.C. : Une refonte intégrale des accords de Schengen et du Traité de Lisbonne s’impose. Primo, il faut reconnaître que les accords de Schengen, présentent des inconvénients potentiels tels que la suppression des contrôles aux frontières internes des pays membres. Dès lors, il est pratiquement impossible de maitriser les entrées et les sorties des personnes. Cet évènement présente des défis en matière de sécurité et de gestion des flux migratoires. Ainsi, les pays situés en périphérie de l'espace Schengen subissent une pression accrue en raison de l'arrivée massive de migrants ou de demandeurs d'asile cherchant à entrer dans l’U.E.. Par ailleurs, cette libre circulation facilite la mobilité des criminels et parfois de leurs organisations à travers les frontières, compliquant les efforts de maintien de l'ordre et de lutte contre la criminalité transfrontalière. Mais tout aussi insupportable l’ouverture des frontières produit un impact retentissant sur la souveraineté nationale. En effet, aux côtés de certains observateurs, je constate la compromission de cette libre circulation des personnes envers leur souveraineté nationale en limitant leur capacité à contrôler l'immigration et à protéger leurs frontières. Enfin, dans certains cas, ce phénomène entraîne une augmentation de la pression sur les services publics, tels que les systèmes de santé et les services sociaux, notamment dans les régions frontalières ou les zones à forte affluence touristique. 

C.F.  : Quel regard portez-vous sur le Traité de Lisbonne  ?

J.P.C. : Ce Traité, a modifié en profondeur les alliances constitutives de l’U.E. Bien entendu, il suscite des débats et des critiques houleuses que je me plaîs à souligner en ma qualité d’ancien président du M.H.A.N. devenu aujourd’hui : «  Les Universalistes ». Tout d’abord, il me paraît essentiel de souligner que ce Traité a accru un déficit démocratique auprès de l’U.E. en renforçant le rôle des institutions supranationales au détriment des processus démocratiques nationaux. Ces derniers, en outre, soulignent également un manque de transparence dans le processus décisionnel de l’institution. Mais ce qui me chagrine le plus, c’est certainement cette position qu’aurait réfutée au Général de Gaulle, car assurément, certains Etats expriment des préoccupations quant à leur perte de souveraineté nationale. Ces dernières résultent précisément de certaines dispositions de ce Traité.

C.F. : Pouvez-vous davantage éclairer vos positions ?

J.P.C. : Je citerai, en priorité, le renforcement des compétences de l’U.E dans des domaines tels que la politique étrangère et de sécurité commune. Sur le plan de la politique migratoire, ce texte a introduit des changements, notamment en ce qui concerne la coopération en matière d'asile et d'immigration. Certains États membres critiquent ces dispositions pour leur impact potentiel sur leur capacité à contrôler leurs propres frontières et leur politique d’immigration. D’un autre côté, pour la partie politique économique, rail faut être conscients que ce traité favorise une approche néolibérale en renforçant les politiques de libre marché tout en limitant la capacité de ses États à mettre en œuvre des politiques économiques nationales. Vous voyez combien une bonne partie de sa teneur peut être néfaste pour les peuples. Plus particulièrement, il reste critiquable  dans le renfort de son rôle des institutions de l'U.E. au détriment des États membres. Ce qui entraîne une centralisation excessive du pouvoir à Bruxelles. Enfin, soyons lucides, sa ratification sans référendum dans certains pays, malgré les promesses précédentes de consulter les citoyens sur des questions constitutionnelles importantes suscite de vives critiques sur le respect de la démocratie et du processus décisionnel.

C.F. : En somme, vous souhaitez une harmonisation de ces Traités pour faire de l'Union Européenne une institution plus accessible aux peuples.

J.P.C. : En dernier lieu, il est souhaitable que le Vivant, entendez l'homme, l'animal et la planète occupe prioritairement les actions et le calendrier des Euro-députés avant celui de l'économie. Certes, ce modèle reste incontournable, mais, à mon sens, moins prioritaire que celui de l'humain et de tout ce qui l'environne... Bref, l'U.E. est aujourd'hui gouvernée essentiellement sur la base du profit, par les lobbies et les marchés financiers dont les acteurs ne se préoccupent nullement de l'avenir de la planète. Pour eux, tout est centré sur le phénomène de l'argent. En résumé, le pire serait de donner à cette Union une inclinaison fédérale à l'exemple de celui des U.S.A. Et là, le gaulliste que je suis ne saurait y souscrire, ouvert simplement à l'esprit d'une coopération confédérale !

 

 

Partager cet article !