Retraites : une réforme politique qui échappe à l'exécutif

Publié le lundi 6 février 2023Rédigé par Aloïs Lang-Rousseau
Retraites : un projet politique qui échappe à l'exécutif
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Alors qu'un troisième mouvement de grève démarre dans quelques heures, revenons sur cette réforme des retraites donnant un air surprenant de déjà vu...

2020-2023 : d'un système de retraites à l'autre...

D'abord, il est impossible de contourner le revirement de la macronie sur le fond. En 2020, la réforme portait sur trois axes : la capitalisation intégrale, l'âge pivot et la suppression des régimes spéciaux. Cette année, les modifications préconisées font terriblement penser à la réforme Fillon de 2010. Recul de l'âge de départ et augmentation de la durée de cotisation. Certains régimes spéciaux restent menacés de suppression, mais pas la totalité. C'est à peine si Les Républicains ont arraché une faible augmentation de la pension minimale à taux plein, et si quelques artefacts sont présentés comme des moyens d'améliorer l'emploi des seniors. Ceux-ci n'auront cependant aucun impact puisque s'adressant aux entreprises de plus de 300 salariés. Les TPE/PME, premières créatrices d'emploi, ne sont donc pas concernées.  

Une réforme à visée politique

Si le projet d'altération du système de retraites reprend les mêmes axes qu'il y a treize ans, c'est pour nourrir un agenda de démolition d'un adversaire du camp présidentiel : le parti Les Républicains. Celui-ci reste fort d'une soixantaine de députés, malgré le score historiquement faible de leur candidate à la dernière présidentielle. Depuis le début du quinquennat, ces députés sont d'ailleurs parmi les seuls de l'opposition à ne pas voter les motions de censure présentées par la gauche et le RN ; ces derniers ne manquent pas de les présenter comme les sauveurs du gouvernement. Une disparition des Républicains terminerait l'émergence d'une répartition tripartite de l'électorat : centre, extrême gauche, extrême droite. Un contexte qui serait très favorable au camp central, pouvant se targuer d'être la seule famille "républicaine" en capacité de remporter des élections.
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Macron gardera t-il la main sur la situation ?

Cependant, ce scénario de destruction de LR ne se déroule pas comme prévu. Une dizaine de députés, dont celui du Lot Aurélien Pradié, voteront contre la réforme des retraites. S'ils mettent tous en avant un projet "injuste", certains, comme Fabien Di Filippo, insistent également sur son aspect "coûteux". La réduction des dépenses était pourtant un argument du gouvernement. Cet embryon de fronde peut entraîner d'autres réactions : celles des employeurs, pénalisés par l'imposition des salaires et des sociétés, qui aimeraient réduire leurs frais sans nécessairement diminuer les salaires. En effet, alors qu'aucune manifestation n'a fait reculer et ne fera reculer la macronie, la désapprobation de ses principaux soutiens constituerait un coup fatal pour le projet de loi. Ce scénario catastrophe pour le gouvernement semble déjà se rapprocher. Les retraités, dernière catégorie sociale à soutenir la réforme et principaux électeurs de Macron l'année dernière, s'y opposent désormais majoritairement.
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