Solène Allanic : une battante chez Allons enfants

Publié le jeudi 11 avril 2019Rédigé par Aloïs Lang-Rousseau
Solène Allanic : une battante chez Allons enfants
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Poursuivant notre tour d’horizon des candidats aux élections européennes, nous avons rencontré, cette semaine, Solène Allanic, pour « Allons Enfants », un mouvement géré par des jeunes de moins de trente ans. Leur but : penser et agir différemment pour montrer que la jeunesse a aussi son mot à dire dans le monde politique. Que veulent ces jeunes actifs ? Contribuer au débat public en croisant leur regard avec celui des autres générations. Solène Allanic, cinquième sur la liste du parti « Allons enfants » pour les prochaines élections européennes, répond aux questions d’Aloïs Lang-Rousseau.

 

Aloïs Lang-Rousseau : Quels sont les deux principaux combats qui vous ont amené à vous présenter à ces élections ? Solène Allanic : Pour moi, il y e n a deux principaux, notamment, la défense de l’environnement. « Allons Enfants », parti environnemental,  se penche sur l’écologie. Cela m’a incité à candidater. Deuxièmement, c’est l’inscription de l’Union Européenne dans la durée et, avec ce parti, l’on peut le faire. Je suis pro-européenne, c‘est ce qui m’a poussé à devenir candidate. Dans le cadre d’une élection, en interne, j’ai dû exprimer mes motivations.

A.L.R. : Quel groupe parlementaire et quelle commission rejoindrez-vous ? Solène Allanic : Nous pensons qu’il va y avoir un grand chamboulement à l’issue des élections européennes, et, si l’on veut, l’on partirait sur un mouvement plutôt pro-européen, dynamique, progressiste.

A.L.R. : Le Parti vert européen par exemple ? S. A. : Je ne sais pas... Cela pourrait être ça, mais je pense que ça changera.

A.L.R. : Selon vous, le rôle d’un Eurodéputé français repose-t-il sur la défense de l’Europe ou de la France ? S. A. : Pour moi, un eurodéputé appartient à l’Europe. Un député européen ne peut pas  défendre que l’Europe ou qu’un pays. Il défend l’Europe et surtout ses valeurs démocratiques, ce pourquoi il a été élu.

A.L.R. : Comment jugez-vous le pouvoir du Parlement européen par rapport à la Commission : a t-il trop de pouvoir, pas assez, ou est-il suffisant ? S. A. : Le Parlement européen, organe élu, n‘a pas assez de pouvoir, c’est clair. La Commission en a beaucoup, elle a l’initiative législative...

A.L.R. : J’ai vu que vous proposiez de donner la préférence législative au parlement européen. S. A. : Oui, c’est légitime, la commission, on ne sait pas ce qu’elle contient. On est gêné par le fait de savoir que l’on vote pour des personnes qui n’ont que peu de pouvoir, mis à part un rôle de surveillance de la commission, un rôle budgétaire, mais en tant que tel... Nous, nous sommes favorables à un Parlement européen plus puissant, pour redonner la confiance aux électeurs.

A.L.R. : Quel est, selon vous, la principale carence du début du quinquennat d’Emmanuel Macron ? S. A. : J’y vois une qualité et une carence en un seul argument. La qualité, c’est qu’il a voulu faire bouger les choses, réincarner la fonction présidentielle, dire aux jeunes « on n’est pas vieux », mais tout cela s’est retourné contre lui. On l’a bien vu, il a voulu aller trop vite sans se soucier de l’avis des autres, il n’a travaillé que pour Paris, d’où les gilets jaunes, par exemple. Je pense que c’était une qualité et un défaut en même temps.

A.L.R. : Quelle place tient la cause animale dans votre programme, sans évoquer l’écologie, mais le traitement des animaux par les humains, les entreprises, l’expérimentation sur les animaux... S.A. : Nous avons fait vingt-sept propositions par rapport aux vingt-sept pays européens. On a parlé d’écologie, mais, il est vrai que cette question, on n’en pas fait une proposition centrale, débattue, certes, mais non retenue. Cette question de la condition animale touche l’ensemble des membres, notamment, l’élevage des poules en cages. S’il y a une proposition, au centre, on la votera. Les abattoirs, placer des caméras, cela n’a pas été fait en France, mais ce sont des éléments que le mouvement pourra évoquer.

A.L.R. : Tous les candidats de votre liste ont moins de trente ans... quel doit être le rôle des jeunes dans une France vieillissante ? S.A. : Il doit être important ! Il n’y a pas de jeune dans les institutions françaises qui a moins de trente ans...

A.L.R. : Vous oubliez Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès de Jean-Michel Blanquer ... S.A. : Oui, il n’y en a qu'un ! Ce n’est pas assez. Nous représentons la France de demain mais, on n’est jamais entendu, jamais écouté... Maintenant, des voix s’élèvent. Elles émanent de jeunes qui participent à la marche pour le climat, c’est super. Notre liste veut dire que ces jeunes sont prêts à défendre des idées, de vraies valeurs. On espère que les autres candidats se diront que la politique n’est pas réservée qu’aux anciens. Peut-être, vont-ils prendre le pouls ?

A.L.R. : Vous souhaitez la création d’une institution européenne dans chaque domaine politique, sur le modèle national ( justice, éducation… ). Cela risque d’avoir un coût, alors même que le Parlement européen, la Commission et la B.C.E. coûtent cher. Comment financer ces institutions ?

S.A. : C’est facile et difficile. En fait, au sein de la commission européenne, faite de sous-bureaux, on leur consacre énormément de fonds. On peut les bloquer, car on ne voit pas ce qu’ils font. Si l’on considérait ces pôles de type ministériel, l’on pourrait retrouver ces fonds et les réinvestir. La question du coût ne sera pas un obstacle à cette mesure, mais, plutôt une question politique. Certes, l’on rencontrera des barrages. Les autres pays pourraient exprimer un refus, même la France, à cette proposition, pro européenne. Le coût n’est pas si important. Si on arrive à réintégrer l’argent, où il doit être, ça ira.

A.L.R. : N’existe t’il pas un risque de surplomber les compétences nationales ? S.A. : C’est un risque, en effet ! Il faut savoir choisir. Veut-on une Europe fédéraliste ou moins fédéraliste ? « Allons enfants ! » se positionne dans une approche fédéraliste mais ça dépendra des autres.

A.L.R. : « Allons enfants » prône l’instauration d’un parcours européen pour les élèves du secondaire. En quoi cela consiste t’il ? S’agit-il de rendre obligatoire un séjour à l’étranger ? Si oui, comment s’assurer que l’ensemble des familles pourra le financer ? S.A. : Il ne s’agit pas de cela ! Aujourd’hui, les  lycées offrent des cours d’éducation civique et morale, d’une durée d’une heure trente par semaine consacrée à l‘Europe. La plupart du temps, ce sont des professeurs d’histoire et de géographie qui s’en servent pour rattraper une heure de cours. Nous, nous voulons vraiment instaurer un principe qui consisterait à donner un cours d’une heure trente à partir de la sixième et jusqu’à la terminale. On y  enseignerait les instructions européennes, leurs prérogatives, ce qui est bien ou mal, les valeurs démocratiques et humaines. Et, à la fin de la terminale, pour obtenir le bac, ce principe deviendrait une épreuve où chaque lycée ferait une sorte de mini parlement. L’on inviterait les élèves à réinscrire leurs connaissances dans  un modèle actif, dans des débats. Cet exercice serait noté. il compterait comme les autres matières.

A.L.R. : Vous défendez la mise en place d’un F.B.I. européen. Serait-il conçu à partir d’un service existant ( si oui, lequel ), ou créé de toutes pièces ? S.A. : Cela ne serait pas créé de toutes pièces. À l’échelle de l’U.E., il existe déjà Europol : selon le bon vouloir des Etats. Ces derniers s’échangent des informations. Aujourd’hui, cinq de ces Etats le pratiquent : la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne et la Grande Bretagne qui va se retirer. Nous proposons donc une refonte de l’Europol, et pas un départ à zéro. Nous le voulons obligatoire, partager un minimum d’informations, par exemple sur des affaires terroristes qui auraient pu être évitées avec cet échange. Un F.B.I. européen, offrirait plus de coopérations face aux mastodontes américains ou chinois. l’Europol actuel ne fait pas le poids.

A.L.R. : Vous sentez-vous proche d’une autre liste, comme celle du Parti fédéraliste européen, du Mouvement des Progressistes ou de Volt France ? Si oui, avez-vous tenté d’établir avec eux une liste commune ? S.A. : Se sentir proches : oui et non. Non, parce que nous sommes dans une idée de jeunesse, nos candidats ont tous moins de trente ans. Après, sur l’environnement et les idées progressistes, nous sommes en accord avec le Parti fédéraliste européen. Cependant, des approches réciproques ne se sont pas réalisées.

A.L.R. : Quelle est la principale qualité et la principale carence de votre liste pour cette élection ? S.A. : Sa qualité : elle est constituée que de jeunes. C’est une super puissance. L’on a tout à apprendre, tout à refaire, on n’a pas fait d’erreurs. La principale carence, hélas, c’est la modestie d’un petit parti, désargenté, et puis, l’on n’est pas connu. Tout ça reste encore à trouver. De plus, il n’y a pas forcément, chez nous, de participants qui maîtrisent vraiment des connaissances politiques.

A.L.R. : En guise de conclusion, pourquoi faudrait-il voter « Allons enfants » aux européennes de 2019 ? S.A. : Si on a une idée de l’Europe progressiste, dynamique, que l’on soit attaché à ce concept, à ses idées, à ses valeurs, et si on veut donner sa confiance à une jeunesse qui n’a jamais forcément été écoutée, il faut voter pour « Allons enfants ». C’est selon les valeurs de chacune et de chacun, mais je pense qu’il y a là un beau pari à réaliser.

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