Ce dimanche, la députée sortante de l'Ariège (LFI) Bénédicte Taurine a été battue par une dissidente socialiste, après une législative partielle. Une élection qui réinterroge la pertinence et la nature de la NUPES...
Une législative partielle perdue et une stratégie contestée
Le premier tour de l'élection suffisait déjà à s'interroger. Dans un contexte pourtant très favorable de lutte sociale contre la réforme des retraites, les scores étonnent et détonent. La candidate socialiste dissidente est pourtant la seule à progresser en nombre de voix, et passe de 18 à 26%. La NUPES stagne, le RN progresse, et la macronie s'effondre dans cette circonscription rurale et populaire. L'hypothèse, avancée par LFI, d'un vote utile de la macronie pour la dissidente PS ne tient pas. Cette dernière a clairement fait campagne contre la réforme des retraites et la candidate macroniste était arrivée devant elle l'an dernier avec 19%. L'on doit donc en déduire que malgré l'opposition à la réforme, la NUPES n'est pas parvenue à améliorer son score. Alors que les autres oppositions progressent, c'est bien la stratégie de la NUPES qui semble contestée.
À l'étranger aussi, la NUPES divise
La même fin de semaine se tenait le premier tour de trois législatives partielles chez les Français de l'étranger, un électorat traditionnellement favorable aux libéraux. Malgré un nombre inférieur de candidatures, la NUPES ne progresse pas, et perd même des points. L'exemple le plus probant est celui de la huitième circonscription, où se trouve l'État d'Israël. La NUPES a investi Yael Lerer, militante du parti israélien Balad, nationaliste arabe et antisioniste. Il faut croire que ce profil clivant, associé à une campagne mi-français mi-hébreu, n'a pas séduit les électeurs. La NUPES a perdu trois pourcents, que la candidate de Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) a engrengé sans difficultés. En plus de la stratégie de la NUPES, influencée par LFI, c'est sa ligne politique qui semble donc sanctionnée. Au moins partiellement.
LIRE AUSSI : https://infopremiere.fr/le-roi-charles-iii-ne-sera-pas-lhote-de-la-france
PS : parti sauvable ?
Cette posture délicate de l'alliance des gauches écartèle tout particulièrement le Parti socialiste, tiraillé entre pro et anti NUPES. Et ce à plus forte raison que la députée élue hier est une ancienne socialiste, et que GRS est un parti créé notamment par d'anciens membres du PS. En interne, les tensions constatées lors du congrès de janvier dernier se sont ravivées. Le clan de Nicolas Mayer-Rossignol, candidat déçu, a soutenu la dissidente victorieuse, alors que la direction d'Olivier Faure a suivi l'accord signé avec les insoumis en juin dernier. En plus de la ligne politique de l'union de la gauche, c'est son incarnation territoriale qui est interrogée. La députée élue hier, Martine Froger, n'a pas hésité à placer sa campagne sous le signe du local. La présidente du département de l'Ariège, Christine Téqui, et celle d'Occitanie, Carole Delga, l'ont soutenue dès le premier tour. Leur raisonnement est simple : alors que les insoumis sont toujours montés au créneau contre les élus locaux socialistes, la candidate du PS d'Ariège assurerait une synergie avec les institutions locales. N'est-ce pas un autre visage de l'union ? Ou doit-on comprendre que la NUPES ne serait qu'un alibi pour permettre à LFI d'élire des députés en grand nombre sans s'encombrer d'un ancrage local ? Une question oratoire qui interroge l'avenir même de la NUPES, alors qu'EELV et le PS ont chacun indiqué conduire leur propre liste aux prochaines européennes...
VIDEO : https://www.youtube.com/watch?v=15aSxsIwGpE